Présentation Warner : Dans La Mule, le bon vieux Clint Eastwood incarne Earl Stone, un homme solitaire de quatre-vingts ans dont l’entreprise est déclarée en faillite. Afin de garder la tête hors de l’eau, il accepte d’être chauffeur, un petit boulot, en apparence, facile.
Le film est basé sur l’histoire vraie de Leo Sharp, surnommé El Tata, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale âgé de 87 ans qui pendant des années a fait passer de la drogue pour un cartel mexicain. Grâce à son casier judiciaire vierge, à ses talents de chauffeur et à son profil remarquable, il réussit à déjouer les autorités américaines.
La Mule est sorti le 12 juin en Blu-ray™, 4K UHD, DVD et vidéo à la demande.
Synopsis : À plus de 80 ans, Earl Stone (Clint Eastwood) est aux abois. Il est fauché, seul et son entreprise risque d’être saisie. Il accepte alors un boulot qui – en apparence – ne lui demande que de conduire. Sauf que, sans le savoir, il s’est engagé à être passeur de drogue pour un cartel mexicain.
Le film
Cette critique/recension du BR 4K de La mule s’écrit "avec les tripes", car l’émotion est plus forte que les considérations habituelles face à ce genre de film, que certains pourraient trouver très, voir trop, classique, "plan-plan", trop long. Et pourtant, il faut dépasser cela, car l’histoire qui se déroule sous les yeux du spectateur, fût-il critique, dépasse la simple intrigue, même tirée et adaptée d’une "histoire vraie" comme on dit. Pour une critique développée du film, je renvoie à celle de Julien dont le site Cinécure héberge depuis un an et demi environ des recensions très argumentées (et dont le critique professionnel aimerait en signer quelques-unes !).
Celui qui attend quelque chose de spectaculaire (à la façon Sicario, par exemple) sera déçu. Autant prévenir de suite. C’est que l’intrigue est bien plus (et au-delà) qu’un simple "go fast" (en fait plutôt un "slow fast") en chantant... qui raconte l’histoire d’un homme... désenchanté ! Certes l’intrigue policière est là, la quête quasiment impossible d’un homme qui échappe aux investigations parce que son profil est totalement atypique. C’est avant tout l’histoire d’un homme sans humanité, ou qui a perdu son humanité alors qu’il est vétéran de guerre. Les liens avec sa famille, son ex-femme, sa fille (jouée par la propre fille de Clint) se sont à tout le moins distendus. L’homme n’est pas le bienvenu et il traine une telle charge affective négative qu’il préfère ses amis, ses fleurs, des hémérocalles, qui fleurissent en une nuit et ne durent qu’un jour ! Fleurs qui fanent et qu’il faut enlever quotidiennement. Il sera un passeur, une mule "hors pair", performante qui aura une relation ambiguë avec les gens du cartel. Il y aura donc quelques (légers) rebondissements, des sous-intrigues, mais c’est au-delà qu’il faut voir.
C’est d’abord le portrait d’une certaine Amérique et de laissés pour compte, à la merci de banques usuraires. C’est ensuite celui d’un homme perdu et en voie de rédemption. Un homme simple qui grâce à l’argent va venir en aide à ses proches et amis. Un homme qui peut se détourner de la route, parfois imposée, pour faire un détour vers ce qui lui parait essentiel et parfois qui paraîtra futile à d’autres. Cette histoire est simple et prend le temps de se raconter (et de se chanter comme écrit ci-dessus). Loin de toute esbroufe La mule est l’histoire profondément humaine d’une vie tout à la fois banale et confrontée à un monde aux antipodes, celui des cartels de la drogue et des passeurs qui ne sont que des individus interchangeables dont on peut se débarrasser sans problème.
La Mule ne serait pas ce film sans la présence de Clint Eastwood devant et derrière la caméra. Le film n’est pas indemne de celui-ci, magnifié par d’excellents acteurs. C’est que l’acteur Clint avec son physique vieillissant - dont il arrive à cacher la force intérieure qu’il lui reste - interprète à merveille cet homme, sorte de Robin des bois aux frontières des USA et du Mexique, mais aussi celles entre le bien et le mal. Le spectateur prendra probablement fait et cause pour celui qui est passé de l’autre côté par nécessité et accident d’abord et ensuite, pour faire du bien autour de lui sans jamais renier sa propre humanité d’abord et en retrouvant celle de ses proches en cours de route. Une route qu’il quittera justement à cause de cet amour des siens (re)trouvé.
La Mule ne serait pas non plus ce film sans Clint Eastwood comme réalisateur. Il permet à ses acteurs, au seuil de sa vie bien remplie, de donner corps à cette histoire peu banale. Parmi ces acteurs, il y a lui bien sûr qui excelle dans ce "double jeu" (en jouant ici sur les divers sens de l’expression). Un film qui l’air de rien, donne une idée du temps qui passe. Le temps du futile où il ne se passe rien, le temps où il faut faire le choix de l’essentiel et de l’accessoire. Un des derniers films probablement d’Eastwood qui vient nous enseigner sous la forme d’un road movie qu’il faut pouvoir s’arrêter pour s’intéresser à l’essentiel et, finalement, assumer les conséquences de ses actes pour les magnifier dans un bouquet de fleurs éphémères !
Images, son et bonus
Dès les premières images en 4K, UHD, l’on découvre le piqué des images (notamment des hémérocalles), un piqué qui ne quittera jamais l’image (sauf sur certains plans larges où il y a un léger flou). Ce piqué donne une densité à ce qui est montré à l’écran, tant dans les intérieurs, que les extérieurs dans une nature parfois sauvage et rude. Le test a été effectué avec un écran de 3m50 de base et l’image est équilibrée sans en faire de trop. Autant dire que sur un téléviseur 4K de 50 pouces et au-delà, l’image sera parfaite. Le boitier contient également le film en format Blu-ray et celui-ci tient largement la route par rapport au BR 4K/HDR. Test effectué sur une installation 2K classique et un écran de 3 mètres de base.
Le son est en DTS HD et se fait discret la plupart du temps. Il correspond à l’ambiance du film et il ne s’agit donc pas d’un BR de "démonstration" et vous n’aurez aucun problème avec vos voisins. D’une certaine façon, la prise de son est à l’unisson du film : ne pas trop en faire pour rester dans la pudeur. Ce choix est très bon, d’autant plus que quelques scènes (notamment de tir au pigeon d’argile) montrent que le son sait être bien présent, avec force quand on en a besoin.
Restent les bonus. Il était difficile de donner une note, car c’est un bonheur de les découvrir, mais c’est aussi une déception d’en avoir si peu : deux bonus et moins de treize minutes au total. On pouvait espérer plus de "matière" pour les cinéphiles et ceux qui voudraient en savoir plus, notamment sur l’histoire vraie que Clint Eastwood adapte à l’écran. Toutefois, ce "making off" n’est pas dans le genre "promotionnel". Bien au contraire il laisse place à l’émotion grâce à ceux et celles qui nous parlent de Clint Eastwood, de ses choix d’acteurs, de réalisation, de son jeu également. En réalité on aimerait que ce making off dure bien plus longtemps. Presque plus émouvant que le film il donne à penser à ce que ce grand monsieur a apporté au cinéma. Le deuxième bonus est un clip vidéo de “Don’t Let the Old Man In” chanté par le réalisateur/acteur, sur des images du film (ou du tournage). Enfin, précision : les bonus ne se trouvent pas sur le support 4K/HDR, mais sur le Blu-Ray qui l’accompagne.
BONUS du Blu-Ray
- La création de La Mule (10’)
- Clip video de “Don’t Let the Old Man In” de Toby Keith (3’)
Diaporama
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