Signe(s) particulier(s) :
– seconde (et libre) adaptation du roman éponyme de Stephen King "Simetierre" paru en 1983, après la version de Mary Lambert sortie en 1990 ;
– le titre original du roman et du film ("Pet Semetery"), tout comme la version francophone ("Simetierre"), provient d’un panneau situé à l’entrée du cimetière pour animaux sur lequel le mot "cemetery" ou "cimetière" a mal été orthographié par un enfant.
Résumé : Le docteur Louis Creed, sa femme Rachel et leurs deux jeunes enfants quittent Boston pour s’installer dans une région rurale du Maine. Près de sa maison, le docteur découvre un mystérieux cimetière caché au fond des bois. Peu après, une tragédie s’abat sur lui. Creed sollicite alors l’aide d’un étrange voisin, Jud Crandall. Sans le savoir, il vient de déclencher une série d’événements tragiques qui vont donner naissance à de redoutables forces maléfiques.
La critique de Julien
Ce n’est un secret pour personne : les romans littéraires de Stephen King ont toujours la cote, que ça soit en série, ou au cinéma, et encore plus ces derniers mois. Après le mauvais "La Tour Sombre" de Nikolaj Arcel et le triomphe commercial et critique de "Ça - Chapitre 1" d’Andrés Muschietti en 2017, voilà que son roman "Simetierre" paru en 1983 a droit à une nouvelle adaptation, après la version très fidèle du film de Mary Lambert sorti en 1990. Pourtant, ce projet n’est pas nouveau, étant donné que la Paramount avait déjà proposé en 2011 à Alexandre Ajas de s’y atteler. Mais c’est finalement en décembre 2017 que le projet a été validé, sous les rennes du duo Kevin Kölsch et Dennis Widmyer, à qui l’on doit notamment les films inédits "Starry Eyes" (2014) et "Holidays" (2016). Et quand on sait que le second chapitre des mésaventures du "Club des ratés" face au clown maléfique "Grippe-Sou" sortira en septembre prochain (toujours par la même équipe), et que l’adaptation - entre les bonnes-mains de Mike Flanagan ("The Haunting of Hill House" sur Netflix) - de la suite du classique "Shining", et intitulée "Doctor Sleep", paraîtra logiquement avant la fin d’année, on se dit que l’œuvre de Stephen King a encore de beaux jours devant elle. Mais qu’en est-il donc cette nouvelle version du roman éponyme du maître de nos cauchemars ?
Dès la première bande-annonce, une différence majeure s’impose à cette relecture. Outre le chat Church, la première victime de la famille Creed n’est plus la même. Alors que le petit Gage âgé de deux ans se faisait écraser par un camion dans la version originale, c’est sa sœur aînée Ellie qui est ici la victime de la terrible force maléfique réveillée par le père de famille, Louis, après avoir enterré Church dans un ancien cimetière indien au sommet d’un tertre rocheux, au-delà du cimetière d’animaux situé sur leur nouvelle propriété, et cela sous les conseils bienveillants, mais insouciants de Jud Crandall, leur voisin octogénaire... Un choix qui, selon les réalisateurs, leur permettrait de proposer davantage de contenu qu’ils n’auraient pu aborder avec un enfant en bas âge, ne sachant pas parler. Et c’est vrai qu’à ce niveau-là, le film permet son lot de malsanité ! En effet, en touchant de près à la perte d’un enfant, "Simetierre" ne laisse pas indifférent. Difficile d’approfondir davantage ce point sans en dire de trop, si ce n’est qu’il confronte le spectateur à plusieurs situations qui ne le laisseront pas indifférent...
Ce point n’est pas en soi la seule liberté prise par ce long métrage, étant donné que le final a lui aussi subit un lifting. Alors qu’il se termine, comme son modèle, de manière suggérée, ce "Simetierre" va plus loin dans le délire vis-à-vis du personnage d’Ellie. Mais il le fait de manière tellement grandiloquente et lourde que le rire ne peut que s’inviter, ce qui semble assez contradictoire avec les émotions que le film est censé nous faire ressentir, jusqu’à son dénouement, dès lors assez raté, car frustrant et prévisible.
Durant sa première partie, les réalisateurs parviennent à instaurer une ambiance mortifère et inquiétante, rythmée par des apparitions zombiesques et autres voix-off venues d’outre-tombe. Mais si la mise en scène réussit à nous plonger dans l’insécurité totale (mais sans grande originalité), les décors relatifs au cimetière en question peinent à convaincre. Par abus de brouillards ectoplasmiques artificiels et d’images de synthèse, on ne croît pas en cette terre indienne et maudite, recrée pour l’occasion en studio. Et cela se voit. Heureusement, l’intrigue n’y passe pas la majorité de son temps, tandis qu’elle y suggère carrément des allers-retours vitesse éclair, au fil que l’étau se ressert. Tandis que l’endroit laisse planer le mystère, force est de constater que l’on se laisse prendre tout de même au jeu de la mise en scène, frissonnante, et de cette histoire très glauque, et dérangeante.