Synopsis : Dans le Los Angeles du milieu des années 90, le film suit le quotidien et l’apprentissage de la vie de Stevie, un jeune garçon de 13 ans, et de sa troupe de skateboarders.
Acteurs : Sunny Suljic, Katherine Waterston, Lucas Hedges.
L’acteur Jonah Hill passe de l’autre côté de la caméra et offre au public un film où on ne l’attendait absolument pas. Rien à voir avec les films à l’humour potache où on l’a découvert ! Nous faisons un voyage dans le temps, quasiment 25 ans dans le passé, dans les années 95. A l’époque Jonah Hill avait douze ans, il entrait dans l’adolescence et si le film qui porte le titre de ces années n’est pas autobiographique, l’on peut supposer que le nouveau réalisateur a dû puiser dans ses années adolescentes pour trouver matière à et pour réaliser son film. Celui-ci, en 4/3 et est tourné en 16 mm (avec un budget tout aussi rikiki) ! Autant dire que tant le format que le grain de la pellicule nous font entrer dans une époque révolue. La bande son a été composée par Trent Reznor et Atticus Ross. "Ces derniers acceptent malgré le budget très limité du film. Ils vont ensuite communiquer avec l’équipe du film uniquement via Skype. La musique est enregistrée durant la tournée européenne 2018 de Nine Inch Nails, entre chambres d’hôtels et coulisses. Trent Reznor raconte : ’Je me souviens que nous étions au Royal Albert Hall et nous avons fini le générique de fin juste avant de monter sur scène’." (source)".
Le fim pourrait faire penser à Larry Clark [notamment avec Wassup Rockers (2006) ou d’autres films d’"adolescents"] mais sans les exagérations de celui-ci ni les tropismes de Clark (hypersexués au langage explicite et flirtant parfois avec la limite d’âge pour les jeunes qu’il filme). Il lorgne également du côté d’Harmony Korine (qui fait d’ailleurs un cameo dans le film, de même que Jerrod Carmichael). Hormis ces deux acteurs, seuls trois sont connus et professionnels. A commencer par le jeune Sunny Suljic, vu récemment dans The House with a Clock in Its Walls et surtout The Killing of a Sacred Deer. Sunny Suljic est quasiment de tous les plans, bluffant de vérité et d’intensité. En conflit avec son frère Ian [interprété par Lucas Hedge (Ben Is Back, Boy Erased, Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, Lady Bird)], tandis que sa Dabney mère (vivant seule) [Katherine Waterston, vue e.a. dans Fantastic Beasts 1 et The Crimes of Grindelwald où elle interprète Tina Goldstein] tente de comprendre pourquoi son fils lui échappe.
C’est que celui-ci a découvert une bande de skateboarders dont la majorité est plus âgée que lui. Ce sera tout le travail d’apprivoisement, mais aussi des premiers essais : tabac, alcool, drogues, filles. Au contraire d’un Larry Clark, Jonah Hill filme ses acteurs avec beaucoup de tendresse et de pudeur. La majorité des acteurs qui interprètent cette "famille" qui adopte Stevie en son sein est non professionnelle. L’on suppose que le réalisateur les a trouvés dans le milieu du skateboard. Il faut louer en tout cas ce choix de casting qui offre des interprétations criantes de vérité !
La première du film a eu lieu au Toronto International Film Festival en septembre 2018. Il a été présenté dans la section ’Panorama’ du Berlin International Film Festival mais a aussi fait les honneurs du New York Film Festival du Glasgow Film Festival et du Dublin Film Festival.
S’il y a un film qu’il faut absolument voir et découvrir en salle, c’est cette première réalisation de Jonah Hill. L’on ne peut que souhaiter qu’il poursuive dans cette voie tant la profondeur du film, la vérité du jeu des acteurs, l’émotion et la tendresse génératrices d’une nostalgie qui reste au coeur longtemps après la vision du film.