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CINECURE
L’actualité du cinéma

Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Mimi Leder
On the Basis of Sex (Une femme d’exception)
Sortie le 6 mars 2019
Article mis en ligne le 13 novembre 2018

par Charles De Clercq

Synopsis : Jeune avocate idéaliste, Ruth Bader Ginsburg fait équipe avec son mari Marty pour mettre fin à un siècle de discrimination à l’encontre des femmes. Elle se battra devant la Cour d’appel, puis ira jusqu’à la Cour suprême…

Acteurs : Felicity Jones, Armie Hammer, Francis X. McCarthy, Justin Theroux, Kathy Bates, Jack Reynor, Sam Waterston

Dès le générique, le spectateur est informé que le film qu’il va voir est "inspiré d’une histoire vraie". A la fin, un confrère considérait que ce long métrage avait été formaté pour les Oscar. C’est peut-être vrai et, si tel était le cas, pourquoi pas, après tout, c’est la règle du jeu. Ce n’est pas un biopic à proprement parler mais plutôt quelques années de la vie de Ruth Bader Ginsburg juge à la Cour Suprême des USA. Elle y est la plus âgée et a fait une chute début novembre faisant craindre le pire à certains [1].

Le titre original On the Basis of Sex fait référence à un combat juridique de Ruth alors que le titre français Une femme d’exception met plutôt le focus sur sa personne. Il ne s’agit pas ici d’un "film de procès", classique dans le cinéma américain, même si procès il y a à la fin du film qui se clôture par celui-ci avant quelques images qui donnent le verdict et brossent l’évolution de la professeure, avocate, gravissant les échelons jusqu’à obtenir un des postes emblématiques de la structure juridique du pays. La juge Ruth Bader Ginsburg fera même un caméo dans le film où on nous la présente sur les marches de la Cour Suprême. L’intrigue se situe entre l’arrivée de la jeune Ruth (Felicity Jones) en 1956 à Harvard où elle est une des rares femmes à y vouloir apprendre le droit. Elles sont neuf femmes parmi cinq cents homme et une question leur est posée : "Comment justifiez-vous de prendre la place d’un homme compétent ?".

Le film suit un schéma très classique dans le genre mais il est au service d’une cause on ne peut plus juste et donne à voir les difficultés et les embûches liées à la question de la discrimination sur base du sexe (ou du genre). Celles-ci sont intriquées dans tous les recoins du code législatif, reprenant des concepts liés au droit "naturel" à une perception patriarcale et divine de la famille, du travail... La jeune avocate va se servir d’une cause paradoxale pour défendre la sienne et faire entrer un coin qui va fendre tout du long certaines conceptions juridiques. Elle veut défendre une affaire de droit fiscal où il y a eu discrimination sur base du sexe où la personne lésée est un homme ! Une question de principe qui vient interroger les bases juridiques même, ce dont les tenants du droit officiel (de l’Etat, des cours de justice, des "mâles" en général...) ont bien conscience. Ils mettront donc tout en oeuvre pour éviter qu’une brèche géante s’ouvre devant eux.

Dans le même temps, le réalisateur met en relief la vie familiale de Ruth, sa relation avec son mari et ses enfants. L’on peut supposer que cette partie a dû être "romancée", même si le parcours de son mari Martin D. Ginsburg (en) semble assez conforme à la réalité. C’est Armie Hammer qui interprète le rôle du mari, attentionné, avocat également et aimant cuisiner à la maison. L’acteur est très juste dans son jeu celui que l’on a découvert dans Call Me by Your Name, Nocturnal Animals, The Man from U.N.C.L.E. montre qu’il peut exceller dans des genres forts différents.

Il va probablement de soi que l’on ne peut qu’adhérer à la démarche et aux combats de Ruth, de même qu’à Mimi Leder, la réalisatrice (plutôt centrée sur les séries télévisées) qui veut s’en faire la porte-parole. L’on pourrait se dire qu’il est trop facile de surfer sur cette vague et d’y mêler bons sentiments et noble cause. Certes, mais le film a le mérite, au prix d’un certain didactisme, de transmettre un message et de faire découvrir cette réalité d’une époque qui n’est pas vraiment révolue. Elle était en toile de fond d’une série comme Mad Men qui se situe à peu près à la même époque. Il y a encore beaucoup de chemin à faire dans ce combat pour l’égalité des femmes, de genre en général, des doits LGBT, des afro-américains, des étrangers. Aux USA certainement, au Brésil aussi, dans certains pays européens. Un peu partout dans le monde et, probablement, chez nous, en Belgique (et en France). Pour balisée que soit la route prise par Ruth Bader Ginsburg dans ce film, l’on ne peut que saluer son courage et espérer que celle qui fait partie de la "vraie vie" soit encore présente durant quelques années à la Cour Suprême pour qu’une voix plus humaine puisse être entendue.

Lien vers la critique de Julien

https://www.youtube.com/embed/28dHbIR_NB4
ON THE BASIS OF SEX - Official Trailer [HD] - In Theaters This Christmas - YouTube


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