➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 10 octobre 2018
Signe(s) particulier(s) :
– le titre du film fait référence au 09 novembre 2016, soit le lendemain des élections américaines et jour où la victoire de Donald Trump a été annoncée, ainsi qu’à son précédent documentaire réquisitoire contre George Bush "Fahrenheit 9/11", lauréat de la Palme d’or du Festival de Cannes 2004.
Résumé : Le 9 novembre 2016, Donald Trump est élu 45ème Président des Etats-Unis. Quinze ans après sa Palme d’Or, Michael Moore s’attaque désormais à cette figure controversée. Comment l’Amérique en est arrivée là et comment peut-elle s’en sortir ? Ce nouveau brûlot dresse un portrait au vitriol de l’époque dans laquelle nous vivons et appelle à la résistance contre Trump.
La critique de Julien
Après s’être attaqué dans "Fahrenheit 9/11" (2004) à George W. Bush et à son administration, Michael Moore jette aujourd’hui son dévolu sur l’Amérique de Trump, et revient sur son élection et son ascension indirectement préméditée à la tête de la Maison Blanche. Toujours fidèle à lui-même, et même si on l’a connu plus dure et provocateur, le réalisateur gauchiste embraie avec un documentaire bien fourni, nous exclamant qu’on aurait pu, et dû voir venir Trump beaucoup plus tôt...
D’une fulgurance anecdotique passée du richissime homme d’affaire à une crise de l’eau potable ayant ébranlée la ville défavorisée de Flint au Michigan (et dont il est originaire le cinéaste) sous le mandant de Barack Obama, Moore nous montre, comment, petit à petit, l’Amérique s’est préparée à accueillir Donald Trump, et à le placer à son trône. Mais plutôt qu’à s’en prendre majoritairement au Président actuel des Etats-Unis, Michael Moore fustige avant tout ici son pays et sa politique, qui selon lui, ont amené à son pouvoir un homme d’extrême droite, raciste et misogyne. Du lobby des armes, aux rôles des industries ou encore des médias dans cette affaire, sans oublier des abus de pouvoir établi du centre de gauche, Michael Moore dresse une liste non-exhaustive, et forcément propre au réalisateur, de faits ayant façonné le choix porté par les Américains à la date du 10 novembre 2016.
Long de plus de deux heures, et sans temps mort, ce documentaire a bien de choses à nous faire comprendre, à nous dire, à nous montrer, tandis qu’il tente aussi de nous faire ouvrir les yeux, et notamment sur la dangerosité de Trump, comparé ici à Hitler. Oui, rien que ça. Et c’est vrai que lors du dernier quart, fort d’un montage alliant images d’archive sur la montée au pouvoir du leader nazi, sur lesquelles on a alors superposé la voix-off de Donald Trump, en parallèle de sa propre dictature (qu’on se le dise), Michael Moore fait mouche. D’un autre côté, et voire le reste du temps, il ne cesse de nous matraquer...
Beaucoup trop ambitieux dans sa démarche de révolté, le documentaliste surdose son œuvre, laquelle donne la parole à une trop grande multitude d’intervenants, parfois en simultané, tandis qu’il passe sur un éventail de pistes de lecture allant du coq à l’âne, lesquelles noient le spectateur, qui ne sait plus où donner de la tête, coulée par un flux important d’informations, de noms, à gérer en même temps, sans respiration. On est donc davantage assommé par la lourdeur du montage que par le sens des propos dénoncés, ce qui est assez embarrassant, et fatiguant...
"Fahrenheit 11/9" n’est donc pas le plus fin des documentaires du réalisateur, ni le plus baveux en humour. Mais l’œil avisé de Michael Moore sait y faire, lui qui semble avoir raison sur les arguments qu’il avance...