Synopsis : Août 2000. Le sous-marin nucléaire KURSK sombre au fond de la mer de Barents suite à l’explosion de l’une de ses torpilles. À bord, 23 marins parviennent à se réfugier dans l’unique compartiment laissé intact. Tandis qu’à bord du navire, les marins se débattent pour survivre, au sol, leurs familles luttent désespérément face au silence politique. Bien que les tentatives de sauvetage du gouvernement russe échouent en raison d’une technologie insuffisante, les autorités militaires refusent d’accepter l’aide internationale. Pour les survivants et leurs familles, une course contre la montre s’engage, alors que les autorités russes hésitent à choisir entre la fierté nationale et la vie de leurs compatriotes.
Acteurs : Matthias Schoenaerts, Colin Firth, Léa Seydoux, Peter Simonischek, Max von Sydow, Michael Nyqvist, August Diehl, Steven Waddington, Josse De Pauw,Koen De Sutter.
Dix-huit ans après le naufrage du sous-marin nucléaire K-141 Koursk, Thomas Vinterberg, le réalisateur, scénariste et producteur danois, pas encore cinquantenaire, met ce drame en scène pour proposer une énième "histoire vraie". En réalité, une très libre adaptation d’un naufrage qui a réellement eu lieu mais sur lequel plane encore de très nombreuses et sombres énigmes, liée notamment à la rivalité entre la Russie de Poutine, fraichement élu et les autres, l’Otan, les américains, les anglais... Que peut-on retirer ou retenir de ce dernier film ? Vingt-trois ans après avoir fondé Dogme95 avec Lars Triers, Thomas Vinterberg nous propose un film qui est aux antipodes de cette charte cinématographique. Il y a ici une rupture de son voeu de "chasteté" et on ne peut que le regretter, vivement, amèrement. Qu’il brode sur des heures angoissantes dans l’attente d’une mort inéluctable, pourquoi pas si c’est pour atteindre une vérité et une densité propre à rendre compte de l’humanité des uns et de l’inhumanité des autres pour des intérêts politiques, pour des fiertés nationales et idéologiques.
En vérité, à l’arrivée nous avons tout d’un récit et d’une intrigue qui sent le faux-semblant, qui tourne en modèle de cinéma catastrophe (empli de bons sentiments) comme on en voit beaucoup (trop). Il y a déjà tout ce qui est "inventé" sur ce qui s’est passé entre ces sous-mariniers, puisque l’on n’en sait quasiment rien hormis les quelques mots (du moins ceux qui ont été rendus publics) du commandant Dmitri Kolesnikov « Il fait trop sombre ici pour écrire, mais je vais essayer au toucher. Il semble qu’il n’y ait pratiquement aucune chance, 10 - 20 %. J’espère qu’au moins que quelqu’un lira ceci. Voici la liste de membres d’équipage des autres sections qui sont maintenant dans la neuvième et qui vont essayer de sortir. Salut à tous, pas besoin d’être désespéré. Kolesnikov. » [1].
Ensuite, les personnages interprétés par Matthias Schoenaerts, Léa Seydoux ou Colin Firth sont fictifs. Ajoutons Max von Sydow qui joue le rôle de l’amiral Boris Nikolayevich Yeltsin (soit donc le même nom que l’ancien président de la Fédération de Russie !). Pourquoi pas, après tout, mais que tout cela est rendu complètement incroyable par l’emploi des langues, ou plutôt d’une seule langue "universelle", l’anglais. Si cela n’a aucune incidence sur Ben Hur (quoique) ou, tout récemment, sur 22 July de Paul Greengrass ! C’est que ce naufrage met en relation des russes, des anglais et des norvégiens (au moins). Tout ce beau monde parle anglais alors même que les différences et les rivalités culturelles sont l’essence même du film. L’on peut comprendre que c’est lié au casting ! Mais quoi, la version doublée en français nous proposera des voix avec accents russe, anglais, norvégien ? Du grand n’importe quoi ! D’autant plus que le réalisateur fait couleur locale en débutant le film par un mariage orthodoxe... en russe... et le conclut avec les funérailles orthodoxes de cent dix-huit sous-mariniers... le tout avec des chants russes ! Désolé, c’est du "foutage de gueule". L’on regrettera donc que le réalisateur n’aie pas gardé à l’esprit quelques-unes de ses lignes de conduite de Dogme95 qui auraient été très utiles ici. Au final, il nous offre un "film catastrophe" très classique, convenu, conventionnel, qui, malgré la bonne interprétation de ses acteurs ne suscite aucune empathie de la part du spectateur.
Certes le film permet de découvrir la vétusté du matériel russe, l’incurie des responsables, la culture du secret, l’absence d’empathie pour les victimes et leurs proches ainsi que les relents de la guerre froide au début des années Poutine ; il n’empêche que pour qui voudra en savoir plus sur ce qui s’est passé et surtout sur ce que l’on se sait pas encore ou que l’on ne saura jamais, le mieux sera de se tourner vers Wikipedia.
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