➡ Vu au cinéma Acinapolis Jambes - Sortie du film le 15 août 2018
Signe(s) particulier(s) :
– adaptation du roman d’horreur et de science-fiction "Meg : A Novel of Deep Terror" de Steve Alten, publié en 1997, qui suit (ainsi que ses suites) les aventures sous-marines d’un plongeur hauturier de la Marine, Jonas Taylor ;
– projet qui remonte à plusieurs décennies, puisque Disney voulait déjà en faire un film avant d’y renoncer afin de ne pas entrer en compétition avec la sortie de "Peur Bleue" en 1999, tandis que l’idée est passée successivement dans les mains des cinéastes Jan De Bont ("Speed", "Twister", "Hantise") et Eli Roth ("Cabin Fever", "Hostel", "The Green Inferno"), avant d’atterrir finalement dans celles de l’un des maîtres du divertissement grand public, Jon Turteltaub ("Rasta Rocket", "Benjamin Gates", "Last Vegas") ;
– film de requins le plus cher de l’histoire du cinéma, avec 150 millions de dollars de budget de production, ce qui est pharaonique comparé aux huit millions des "Dents de la Mer" de Steven Spielberg.
Résumé : Missionné par un programme international d’observation de la vie sous-marine, un submersible a été attaqué par une créature gigantesque qu’on croyait disparue. Sérieusement endommagé, il gît désormais dans une fosse, au plus profond de l’océan Pacifique, où son équipage est pris au piège. Il n’y a plus de temps à perdre : Jonas Taylor, sauveteur-plongeur expert des fonds marins, est engagé par un océanographe chinois particulièrement visionnaire, contre l’avis de sa fille Suyin. Taylor a pour mission de sauver l’équipage – et l’écosystème marin – d’une redoutable menace : un requin préhistorique de 23 m de long connu sous le nom de mégalodon. Or, il se trouve que le plongeur s’est déjà retrouvé face-à-face avec le squale plusieurs années auparavant. Avec l’aide de Suyin, il doit à présent surmonter sa peur et risquer sa vie pour sauver les hommes et les femmes prisonniers de l’embarcation… et accepter d’affronter une fois encore le prédateur le plus terrible de tous les temps.
La critique
Après les récents succès des films de requins "Instinct de Survie" de Jaume Collet-Serra (2016) et "47 Meters Down" de Johannes Roberts (2017), force est de constater que les films de squales attirent toujours autant les amateurs de frissons maritimes. Et quelque chose nous dit qu’ils ne sont pas prêts de disparaître, vu le succès (surprise) du film "En Eaux Troubles", soit le maître incontesté du genre en termes de moyens financiers. Et en plus, Jason Statham affronte ici pas n’importe quel requin, puisqu’il s’agit d’un mégalodon, une espèce préhistorique éteinte depuis plusieurs millions d’années, et longue d’une vingtaine de mètres. Bref, ça vous excite ? Car nous aussi !
Superproduction sino-américaine, "En Eaux Troubles" ne peut cacher ses ambitions de briller sur le sol chinois. Ainsi, que ça soit par les lieux où se déroulent les différents événements, par son casting, ou encore par sa bande-originale, jamais le message n’aura été aussi clair, soit celui d’amasser un maximum de profit sur le marché asiatique, devenu un eldorado pour Hollywood, alors que seulement 34 films étrangers peuvent légalement être exploités annuellement en Chine. Dès lors, penser une œuvre cinématographique dès sa conception avec l’A.D.N. des deux plus grands marchés mondiaux est une porte d’entrée plus que certaine vers la sécurité d’y voir le jour, et d’y cartonner. En l’occurrence, la machine acérée "En Eaux Troubles" répond à ce processus de fabrication, et cela lui va plutôt bien en termes de succès commercial, et mieux qu’attendu en termes cinématographiques.
Cette adaptation d’un roman d’horreur et de science-fiction est bien plus un film d’action qu’un thriller, qui viendra sans doute vous arracher quelques petits sursauts, mais pas bien méchants. Beaucoup trop sérieux dans sa narration, et baigné d’incohérences scénaristiques et scientifiques, le film se regarde comme un vieux film catastrophe, autour d’une équipe soudée, mais tumultueuse (il faut bien occuper les esprits quand le requin ne se pointe pas), qui essaie alors de tout faire pour empêcher la mort de milliers de personnes. Mais ne cherchez pas ici une quelconque giclée de sang, car vous n’en trouverez pas.
Initialement attendu comme un plaisir sanglant (bien connu du genre), la version que l’on découvre sur nos écrans est finalement bien plus familiale que prévue, et cela dans le but de donner l’opportunité à un plus large public de le découvrir, et dès lors, d’engendrer davantage. D’ailleurs, Jason Statham lui-même, ainsi que le réalisateur du film Jon Turteltaub regrettent (en partie) le montage final du film, eux qui avaient prévu des scènes particulièrement gores. Mais dans un souci de classification qui risquait d’empiéter sur le succès du film, l’équipe a dû abandonner ces morceaux de boucherie. Mais qu’importe, puisque le spectacle offert n’est tout de même pas à plaindre.
En effet, "En Eaux Troubles" reste un divertissement raisonnable, qui se laisse regarder sans broncher, tout en laissant son cerveau au placard. Mais à vrai dire, le requin n’est ici qu’un prétexte pour en mettre plein la vue, avec des effets spéciaux assez énormes.
Ainsi, compte tenu du danger en lui-même, jamais vraiment les personnages ne sont confrontés un à un face au squale préhistorique, lui qui ne reste finalement ici qu’un prédateur quelconque (malgré son caractère exceptionnel), et menaçant, mais qu’à grande échelle, tandis qu’il est aussi moins malin qu’espéré. On apprécie cependant que l’image de ce monstre soit associée ici aux espèces animales découvertes par l’homme, lui qui ne peut s’empêcher, instinctivement, de les détruire, une fois ayant exercé son apprise dessus.
Si le mégalodon n’est donc pas le personnage central du film, c’est tout d’abord Jason Statham qui lui vole la vedette dans la peau de Jonas Taylor, un plongeur spécialiste et ancien capitaine de la Marine, ainsi que l’actrice chinoise Li Bingbing dans le rôle de Suyin Zhang, une biologiste marine et scientifique. Sans trop en faire, le duo, glamour, mais totalement convenu, tente le tout pour le tout, à l’aide d’une technologie bien avancée et impressionnante, mais surtout grâce une belle dose de courage. Et il en faut, en l’occurrence, pour tourner face à des images de synthèse hors normes...
Objectivement, "En Eaux Troubles" n’est donc pas le nanar qu’on s’attendait à voir au cinéma, mais bien un film familial dans lequel s’illustre une grosse bébête assez affreuse, mais volontairement assez limitée sur son terrain de chasse.