Synopsis : Un matin d’été, un jeune homme, avec un secret caché dans son sac polochon, émerge de la forêt. Il se rend dans un village proche où il essaye de trouver du travail, mais les fermiers locaux, méfiants et même hostiles, refusent de l’aider. Ce n’est que lorsque Lucy, la fille rebelle du maire, en pince pour lui, que le village commence à changer d’attitude et qu’il se voit offrir du travail comme valet de ferme et une caravane dans laquelle vivre. Au fur et à mesure que le temps passe et qu’il trouve peu à peu sa place dans la communauté, il se rend compte qu’il n’est pas le seul à avoir un passé à cacher. Sous la surface trop lisse de cette petite communauté rurale et pittoresque, quelque chose de sinistre se cache, et l’attire de plus en plus.
Acteurs : Frederick Lau, Vicky Krieps, Marco Lorenzini, Pit Bukowski
Nous avons vu peu de films luxembourgeois, en réalité Gutland n’est que le deuxième, le premier était Baby (A)lone (Ouni D’Hänn / Sans les mains) mais la vision du film du réalisateur Govinda Van Maele confirme ce que nous écrivions en 2015 "Au Luxembourg, il y a maintenant aussi du vrai cinéma".
L’affiche de Gutland est passablement intéressante, car elle superpose en partie deux visages de l’acteur principal, Frederik Lau qui avant d’apparaitre glabre et cheveux courts (comme sur la plupart des photos de l’acteur) est barbu et cheveux longs au début de l’intrigue et jusqu’aux 4/5e de celui-ci, moment où il y a un véritable retournement de situation que l’on ne peut bien sûr dévoiler. Nous avons cependant été désarçonné par certaines ellipses de l’intrigue qui ne rendent pas facilement compréhensible le basculement dans un autre univers.
Et justement c’est l’univers de ce village, son ambiance qui sont, à eux seuls un personnage à part entière. L’on découvre bien vite dans un sac entrouvert que Jens Fauser porte un secret, mais il n’est pas le seul. Une série de photos de femmes dénudées découvertes dans la caravane où on l’a relégué vont susciter sa curiosité et la nôtre. Jens devra se faire apprivoiser, ce qui ne sera pas facile et certaines scènes sont flippantes, ainsi l’une avec une moissonneuse-batteuse qui n’est pas sans nous rappeler une autre dans un cadre presque similaire (mais avec une variante dans le genre, ou plutôt le sexe !) dans le court-métrage allemand Cowboy, réalisé en 2008 par Till Kleinert et, où joue justement Pit Bukowski, au casting de Gutland ! Les deux intrigues ont donc quelques analogies ! Sont-elles fortuites ? S’agit-il de réminiscences ? Ou bien le réalisateur at-il voulu développer un thème proche ? Nous n’avons pas trouvé d’informations à ce sujet.
Les non-dits, les secrets de ce village et de ses habitants sont assez flippants et l’on comprendra, dans la dernière partie de quoi il retourne, pourquoi certains éléments troublants... et troublant la quiétude du village doivent disparaître. S’agit-il de noyer le poison qui risque d’empoisonner la vie de celui qui a rallié le patelin à son corps défendant, ou encore d’intégrer une chorale où l’on joue tous ensemble à l’unisson puisque chacun est le gardien (des secrets) de ses frères ? Et enfin, notons aussi une chasse à l’homme (et le rôle d’une seringue hypodermique) qui est (presque) digne d’une autre dans Lobster !
Un film que l’on recommandera aux fans de cinéma de genre, mais pas seulement. Longtemps après la vision du film vous vous sentirez nauséeux, comme pris dans la toile d’araignée d’un secret bien gardé, d’un cadavre dans un placard (enfin, placard, pas vraiment, mais vous le saurez en découvrant le film) !