➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 02 mai 2018
Signe(s) particulier(s) :
– adaptation libre du roman "La Blessure, la Vraie" de François Bégaudeau publié en 2011, transposé ici en 1994 dans le sud de la France plutôt que dans les années 80 en Vendée ;
– une suite est déjà tournée, comme nous le laisse deviner le titre du film ;
– le terme "mektoub" (transcription de l’arabe مكتوب) fait référence à la notion de destin.
Résumé : Sète, 1994. Amin, apprenti scénariste installé à Paris, retourne un été dans sa ville natale, pour retrouver famille et amis d’enfance. Accompagné de son cousin Tony et de sa meilleure amie Ophélie, Amin passe son temps entre le restaurant de spécialités tunisiennes tenu par ses parents, les bars de quartier, et la plage fréquentée par les filles en vacances. Fasciné par les nombreuses figures féminines qui l’entourent, Amin reste en retrait et contemple ces sirènes de l’été, contrairement à son cousin qui se jette dans l’ivresse des corps. Mais quand vient le temps d’aimer, seul le destin - le mektoub - peut décider.
La critique de Julien
Palmé il y a cinq ans au Festival de Cannes pour le (très) polémique "La Vie D’Adèle", le réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kechiche est de retour en salles avec une fresque juvénile, le temps d’un été, sous le soleil de Sète. Comme on le sait, l’été, ça passe vite, et d’autant plus lorsque l’on est en vacances... Pourtant, derrière la caméra du réalisateur, cette période se transforme en éternité.
Adulé par la presse française, "Mektoub, My Love : Canto Uno" est une interminable vitrine des exaltations estivales d’un groupe de jeunes, entre sorties au café ou en boîte de nuit, séances de bronzage à la plage, et longues discussions qui s’en suivent, qu’elles soient amicales, amoureuses, sensuelles ou sexuelles. En centrant ce récit autour d’un personnage qui observe son entourage proche (Amin, interprété par la révélation Shaïn Boumedine), le réalisateur penche encore un peu plus ici tardivement sa caméra sur les formes féminines, qu’il filme ici avec assiduité.
Tandis que le réalisateur a sans doute de quoi se rincer l’œil, nous, on se décompose littéralement face à ces longs plans-séquences qui n’en finissent plus, et ne racontent absolument... rien. Pour faire simple, Abdellatif Kechiche pose sa caméra au milieu de batifolages durant près de trois heures (!), sans y construire d’enjeux nécessaires à notre survie. Heureusement, quelques jolis plans éclairés par le soleil brûlant de Sète viennent nous motiver à tenir le coup, mais cela reste trop peu.
Alors que certains voient en ce film une ode à la jeunesse et au désir, on y voit plutôt un vide narratif, cherchant à retranscrire une soi-disant banale vérité autour de la vie.