➡ Vu au cinéma Acinapolis Jambes - Sortie du film le 23 mai 2018
Signe(s) particulier(s) :
– le duo de réalisateurs Phil Lord et Christopher Miller ont quitté le navire de la réalisation du film en plein milieu du tournage pour "divergences créatives", avant d’être remplacé au pied levé par Ron Howard, qui aurait retourné plus de 80% du film ;
– second long-métrage dérivé de la franchise "Star Wars", après "Rogue One : A Star Wars Story" sorti en 2016 ;
– après "L’Attaque des Clones" en 2002 et "La Revanche des Sith" en 2005, c’est le troisième film de la saga initiée par George Lucas à avoir les honneurs au Festival de Cannes, où ce dernier a été projeté hors compétition cette année.
Résumé : Embarquez à bord du Faucon Millenium et partez à l’aventure en compagnie du plus célèbre vaurien de la galaxie. Au cours de périlleuses aventures dans les bas-fonds d’un monde criminel, Han Solo va faire la connaissance de son imposant futur copilote Chewbacca et croiser la route du charmant escroc Lando Calrissian… Ce voyage initiatique révélera la personnalité d’un des héros les plus marquants de la saga "Star Wars".
La critique
Second spin-off dérivé de l’univers "Star Wars" depuis le rachat de la société Lucasfilm par Walt Disney Company, "Solo : A Star Wars Story" débarque enfin sur nos écrans, précédé d’une production très compliquée. En effet, après plusieurs mois de tournage, le duo de réalisateurs Phil Lord et Chris Miller (la saga "Jump Street", "Tempête de Boulettes Géantes") ont été écartés du projet par la présidente de Lucasfilm, Kathleen Kennedy, pour "différends artistiques", qui seraient liés à une vision créative différente autour de la personnalité du personnage de Han Solo. Finalement, c’est Ron Howard qui a repris le flambeau, en retournant d’ailleurs de nombreuses scènes, tandis que Lord et Miller ont accepté d’être crédités au générique comme producteurs délégués. De plus, le monteur Chris Dickens a été remplacé par Pietro Scalia en cours de route, alors qu’au même moment, le studio embauchait un coach pour Alden Enrenreich (incarnant ici la jeunesse d’Han Solo) afin d’en améliorer son jeu… Bref, tout ce remue-ménage autour de la réalisation du film a laissé planer un oiseau de mauvais augure sur sa qualité, d’autant plus surenchéri par le nombre grandissant de détracteurs autour de la tournure de la saga depuis son rachat le 30 octobre 2012 par Disney. Mais qu’en est-il dès lors de cette aventure ?
On peut commencer par dire que Ron Howard a sauvé les pots cassés, car on reconnaît bien dans son film l’univers si riche et familier de "Star Wars". C’est que le monsieur s’y connaît bien en spectacle qui claque juste comme il faut, lui qui est habitué à réaliser des œuvres soignées, efficaces, mais peut-être un peu trop sages. Il filme ainsi ici des scènes propres à cette guerre des étoiles, haletantes et grandioses, tout comme des paysages, très, très lointains. Aussi, le bestiaire est tout aussi présent que dans les épisodes numérotés de la saga, sans parler de clins d’œil jusqu’à plus soif, étant donné ce spin-off situé entre les deux premières trilogies. Certes, la machine est ainsi bien huilée, mais à quel(s) prix ?
"Solo : A Star Wars Story" était censé nous en apprendre sur la jeunesse d’Han Solo, joué, comme tout le monde le sait, par Harrison Ford dans les épisodes 4 à 7. Si on découvre le comment du pourquoi (débile) de son surnom, tout comme son acquisition du célèbre Faucon Millénium, sans oublier sa rencontre avec son fidèle Chewbacca, on regrette ici un scénario décousu, et sans véritables enjeux. Tout d’abord, on connaît d’emblée le dénouement lié au personnage principal, tandis que l’histoire n’est qu’un simple récit initiatique parsemé de quêtes oubliables, et forcément décevantes au regard du personnage. Sans oublier une histoire d’amour ambiguë, située pourtant au centre du film. Ainsi, cette aventure ne soulève pas des montagnes, tout en restant globalement divertissante pour qui aime se délecter devant un film avec un seau de pop-corn. Mais en termes de contenu, c’est un peu faible.
Après en avoir entendu des vertes et des pas mûres concernant Alden Enrenreich dans la peau de Solo, on était en droit de s’inquiéter quant à son interprétation, qui n’a finalement pas à rougir du jeu de son mentor. On lui reconnaît bien des traits physiques et une dégaine à la Ford, sans pour autant marquer le coup. En même temps, l’intrigue n’aide pas... Emilia Clarke y interprète Qi’ra, son premier amour (pour l’occasion inutilement compliqué), tandis que Donald Glover est Lando Calrissian, apparu aussi dans les épisodes 4 et 5 sous les traits de Billy Dee Williams. Enfin, Woody Harrelson est Tobias Beckett, un contrebandier ayant aidé Han à devenir qui il est. Ensemble, ce casting s’en sort avec les honneurs, autour d’un même point de rassemblement, soit une organisation appelée l’Aube Écarlate, dirigée par un personnage qu’on n’avait pas vu (re)venir. Mais l’effet n’est malheureusement là que pour rehausser le goût assez réchauffé de l’intrigue, et ainsi annoncer une probable suite chronologique, à moins que l’échec du film au box-office ne l’empêche...
Là où cet épisode touche peut-être le mauvais goût, c’est dans sa photographie, bien trop sombre, quoi que dessinant l’atmosphère qui s’en suivra dans les épisodes suivants. Ainsi, l’action est noyée à bien trop de reprises dans l’obscurité, ce qui en empêche sa bonne visibilité, et donc son appréciation à sa juste valeur.