➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 02 mai 2018
Signe(s) particulier(s) :
– sixième long-métrage du réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun, lui qui fut ministre du développement touristique de la culture et de l’artisanat du Tchad du 05 février 2017 au 08 février 2018 ;
– inspiré d’un fait divers datant d’automne 2014, où un demandeur d’asile tchadien s’est immolé par le feu à la Cour Nationale du droit d’asile, à Montreuil, suite au refus de sa demande.
Résumé : Abbas, professeur de français, a fui la guerre en Centrafrique pour bâtir une nouvelle vie en France. En attendant d’obtenir le statut de réfugié, le quotidien d’Abbas s’organise : ses enfants sont scolarisés et il travaille sur un marché où il a rencontré Carole, sensible au courage de cet homme encore hanté par les fantômes du passé. Mais si le droit d’asile lui était refusé, qu’adviendrait-il d’Abbas et de sa famille déracinée ? Et de Carole, privée du foyer qu’elle a cru reconstruire ?
La critique
Récompensé du Prix du Jury au Festival de Cannes 2010 pour son quatrième film "Un homme qui Crie", Mahamat-Saleh Haroun est de retour dans nos salles avec son nouveau film intitulé "Une Saison en France", dans lequel il s’intéresse au traitement des réfugiés et des demandeurs d’asile (centrafricains dans ce cas) en France. Un film politique qui dénonce, résolument pessimiste, et maladroit, dans l’illustration de ses questions.
Ce qui frappe rapidement dans cette fiction adaptée de la réalité, c’est bien la photographie de Paris, sous un angle loin de mettre en avant ses lumières. En effet, la volonté ici était de filmer des paysages industriels, entre la ville et la banlieue, et plus particulièrement des "no man’s land" visités par des réfugiés, en situation juridique incertaine, dans l’attente, ou non, de papiers. En soi, c’est une vision cachée, mais très intéressante, de Paris que le réalisateur nous montre ici.
Cette manière de planter les personnages dans ces décors reflète assez bien son point de vue quant à la tournure et au dénouement de son histoire. Mahamat-Saleh Haroun laisse, en effet, peu de place ici au combat de ces hommes, femmes et enfants, face au système, en devenant dès lors ses victimes. C’est davantage dans des croyances africaines qu’il faut se diriger pour en ressortir une lueur d’espoir. Mais malheureusement, ces illusions nous sont étrangères, n’inspirant dès lors pas le spectateur.
Là où les obstacles insurmontables des personnages peinent à se ressentir, et globalement là où le cinéaste échoue, c’est dans sa capacité à retranscrire, avec sens, toute les émotions d’une situation d’irrégularité. Tout d’abord, l’intrigue nous est racontée sur un rythme qui manque énormément d’entrain, lequel ne nous permet pas de ressentir l’intérêt, ni même la tension nécessaire envers la situation de ses personnages. Aussi, on regrette la trop grande place prise par des sentiments amoureux, laissant finalement peu de place à la force et l’importance des sujets de départ. Le jeu des acteurs laisse également parfois à désirer, tandis que la mise en scène se rapproche sobrement de celle d’un téléfilm.