➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 18 avril 2018
Signe(s) particulier(s) :
– cinquième réalisation de Agnès Jaoui, après "Le Goût des Autres", "Comme une Image", "Parlez-moi de la Pluie" et "Au Bout du Conte", tous les cinq coécrits avec Jean-Pierre Bacri, et dans lesquels elle partage aussi l’affiche avec l’acteur, qui fut son compagnon quinze ans durant.
Résumé : Castro, autrefois star du petit écran, est à présent un animateur sur le déclin. Aujourd’hui, son chauffeur, Manu, le conduit à la pendaison de crémaillère de sa productrice et amie de longue date, Nathalie, qui a emménagé dans une belle maison près de Paris. Hélène, sœur de Nathalie et ex-femme de Castro, est elle aussi invitée. Quand ils étaient jeunes, ils partageaient les mêmes idéaux mais le succès a converti Castro au pragmatisme (ou plutôt au cynisme) tandis qu’Hélène est restée fidèle à ses convictions.
Leur fille, Nina, qui a écrit un livre librement inspiré de la vie de ses parents, se joint à eux.
Alors que Castro assiste, impuissant, à la chute inexorable de son audimat, Hélène tente désespérément d’imposer dans son émission une réfugiée afghane. Pendant ce temps, la fête bat son plein...
La critique
Une fois n’est pas coutume, le tandem formé par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri reste fidèle à lui-même, le temps de leur nouvelle co-écriture intitulée "Place Publique", mise en scène par la première. Alors qu’ils continuent d’égratigner gentiment, mais certainement, la société actuelle telle qu’on la connaît, c’est davantage le star-système parisien et les réseaux sociaux qu’ils ciblent ici. Mais alors, nouvelle réussite pour le duo, ou premier signe de fatigue ?
Même s’il s’intitule "Place Publique", l’intrigue se déroule ici dans un jardin privé, lors d’une pendaison de crémaillère d’une célèbre productrice (Léa Drucker), ayant pour l’occasion invité du beau monde. On y croise notamment un youtubeur (Mister V) et sa bande, mais aussi le célèbre Castro (Jean-Pierre Bacri), un ami et animateur radio en plein déclin. Sa famille est aussi de la partie, dont sa sœur, Hélène (Agnès Jaoui), qui n’est autre que l’ex-femme de Castro, ou encore sa nièce, venant de sortir un livre inspiré de la vie de ses parents... Et l’on vous passe un bon nombre d’invités, tout en soulignant l’importance des seconds-rôles campés par ces derniers, ainsi que par des membres du personnel embauchés... Quoi qu’il en soit, il sera bien ici question de règlements de comptes et de quiproquos, aussi volatiles que durs à entendre...
On aime toujours autant les dialogues écrits sur le fil par le duo Jaou-Bacri, qui en disent bien long sur leur vision du monde qui les entoure. Et à les entendre, on constate qu’ils connaissent très bien le terrain sur lequel ils jouent, et s’exclament. Satire actuelle sur les revers de médaille de la célébrité et des réseaux sociaux, force est de constater que le snobisme parisien, les faux-semblants familiaux, ainsi que le paradoxe jeunisme/vieillissement en prennent également pour leur grade. Mais le duo le fait toujours avec un certain souci d’équité, sans déterrer la hache de guerre. Mais autant dire que l’écriture fait ici souvent mouche. D’ailleurs, leurs meilleures répliques sont souvent leurs plus courtes.
Parallèlement à ça, "Place Publique" fait vite le tour de ce qu’il a à nous dire, en multipliant les bavardages intempestifs. Il est vrai qu’à force de ressortir toujours les mêmes ressorts, on se lasse, petit à petit. Mais il est davantage question ici d’un problème de mise en scène, qui n’est pas assez variée. En effet, toute l’intrigue se déroule ici le temps d’une journée, dans un seul et même lieu, un peu à la manière que dans le film "Le Sens de la Fête" de Nakache et Toledano.