➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 21 février 2018
Signe(s) particulier(s) :
– production belgo-germano-luxembourgeoise ;
– cinquième long-métrage du réalisateur et scénariste belge Sam Garbarski ;
– film présenté en première mondiale à la Berlinale en février 2017 ;
– adaptation de deux romans de l’auteur juif Michel Bergmann.
Résumé : David Bermann et ses amis juifs viennent d’échapper de justesse au régime nazi et rêvent maintenant d’immigrer en Amérique. Mais comment récolter l’argent nécessaire en ces temps difficiles ? David, en homme d’affaires éloquent, a une excellente idée : de quoi les Allemands ont-ils le plus besoin ? De beau linge de maison tout neuf, emballé dans d’incroyables histoires ! Les six comparses, jolie bande d’amuseurs plutôt doués, se rendent donc de maison en maison, appliquant auprès des femmes au foyer des techniques de vente qui ne leur laissent aucun choix que celui d’acheter. Le commerce est florissant, l’entreprise est en plein essor et l’avenir radieux se dessine. Mais David est rattrapé par son passé : pourquoi avait-il un second passeport ? Aurait-il collaboré avec les Nazis ? La ravissante mais implacable officier américaine Sara Simon va tenter de le découvrir en interrogeant David d’une main de fer. Elle veut à tout prix faire ressurgir son véritable passé et accueille les récits invraisemblables de David avec sévérité. Mais, au fil de temps, résister à son charme s’avère de plus en plus difficile….
La critique
En associant deux romans de l’auteur Michel Bergmann, Sam Garbaski nous immerge dans l’Allemagne de la fin des années quarante, soit dans une période pour laquelle nous avions encore du mal à mettre des images au cinéma, tant celle-ci y est peu représentée. En l’occurrence, "Bye Bye Germany" nous raconte le quotidien d’après-guerre d’une (sacrée) troupe de Juifs ayant survécu au pire, autrement dit l’Allemagne d’Hitler. Sauf que l’un d’eux est régulièrement interrogé par l’armée américaine, qui le soupçonne d’avoir collaboré avec l’ennemi...
Sam Garbaski prend ici en contre-pied les horreurs laissées par l’Holocauste en nous livrant une comédie dramatique douce-amère, centrée sur une belle bande bien décidée à prendre sa revanche sur la vie, eux qui ont alors tout perdu lors de la guerre, exceptée celle-ci.
Film au sujet grave, mais exploité sur un ton (faussement) léger, "Bye Bye Germany" est emmené par un humour juif saisissant, où la frontière entre le triste et le drôle est parfois confuse, mais toujours à l’image de ce besoin de s’exprimer, vaille que vaille. À côté de cela, le film ne ferme pas les yeux sur les conséquences de la guerre, bien marquée sur les visages de nos vendeurs de linge itinérants et sans scrupules, aux techniques bien rodées...
Au travers des péripéties journalières de ces rescapés, le film se regarde comme une ode à la vie, où celle-ci continue, malgré les blessures, et même se rêve, étant donné qu’ils n’ont de but que d’immigrer en Amérique... Porté par des acteurs formidables d’authenticité et de pudeur, on ne peut qu’apprécier ce portrait, aussi quelconque soit-il dans sa mise en scène, de Juifs restés en Allemagne.
Qui dit film historique, dit travail de reconstitution... À cet effet, le travail apporté sur la photographie est plus que convaincant, tout comme celui effectué sur les décors, notamment ceux qui englobent les camps de survie de la zone américaine. C’est qu’on s’y croirait, au lendemain de la guerre, dans ces rues toujours habitées par le spectre de la mort.
Construit par le biais de deux intrigues emboîtées l’une dans l’autre, "Bye Bye Germany" est cependant désavantagé par une écriture un peu trop dense, et des dialogues qui tournent un peu en rond. De plus, si la musique apporte une touche de vitalité et d’émotion au récit, celle-ci a tendance à être un peu trop omniprésente à l’écran, et ainsi de jouer un peu trop la corde sensible. Enfin, on ne sait où est la part du vrai et du faux dans cette histoire, "inspirée d’une histoire vraie et dont ce qui est faux est néanmoins correct", comme présenté tel quel lors du générique d’ouverture, ce qui a tendance à nous frustrer quelque peu.