➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 07 février 2018
Signe(s) particulier(s) :
– adaptation du livre éponyme de l’acteur et producteur Greg Sestero, qui racontait la création et le tournage du film "The Room" de Tommy Wiseau, réputé pour être un nanar culte des années 2000, et considéré comme "le Citizen Kane des mauvais films" ;
– James Franco a remporté le Golden Globe 2018 du Meilleur acteur dans un film musical ou une comédie pour son rôle de Tommy Wiseau, dans ce film qu’il réalise et co-produit également.
Résumé : Tommy Wiseau est un artiste passionné mais ignorant tout de l’industrie du cinéma. Il va malgré tout se lancer dans la réalisation d’un film. Il peut compter sur l’aide de Greg Sestero, un jeune acteur rencontré dans un cours de théâtre. Avec l’aide de personne, les deux hommes vont donc tourner "The Room", qui sort en 2003. Ce film va rapidement être présenté comme le plus grand nanar de tous les temps. Comme quoi, il n’y a pas qu’une seule méthode pour devenir une légende !
La critique
Vous n’aviez sans doute jamais entendu parler du film "The Room" de Tommy Wiseau jusqu’à aujourd’hui, avec la sortie du dernier film de (et avec) James Franco, qui adapte ici le livre éponyme de l’acteur et producteur Greg Sestero, qui raconte quant à lui la création et le tournage du film "The Room" de Tommy Wiseau, et dans lequel il jouait. Que vous l’ayez donc vu ou non, "The Room" est réputé comme étant l’un des plus grands nanars jamais réalisés, alors sorti en 2003 dans une seule salle à Los Angeles. Qu’à cela ne tienne, la réputation du film lui permet une seconde vie aussi décalée que celle de son réalisateur, étant donné qu’il est aujourd’hui considéré comme une oeuvre culte (surtout de l’autre côté de l’Atlantique), souvent projetée dans des cinémas dans le cadre de séances spéciales, en présence (ou non) de Tommy Wiseau et Greg Sestero.
D’emblée, Wiseau n’aurait pas pu trouver mieux que l’acteur James Franco pour l’incarner sur grand écran, lui dont la mégalomanie est aussi bien (voire plus) prononcée. C’est que James Franco y va, pour ainsi dire, franco, et sait qu’il a la gueule et le corps pour en jouer. D’ailleurs, il n’hésite pas, lors d’une scène dénudée, un plan bien appuyé sur sa fente de fesses, lors d’une séquence pourtant cent pour-cent véridique, qui aurait d’ailleurs très bien pu créer la polémique au vu des récentes accusations d’agressions sexuelles à Hollywood, étant donné qu’à travers cette prise, Wiseau tourna dans son (presque) plus simple appareil avec l’une de ses actrices, mais sans son approbation initiale. C’est qu’il était question, au départ, d’une toute autre approche... Pour James Franco, par contre, pas certain qu’il soit fier de cette scène, surtout après les accusations d’abus sexuels dont il est la victime depuis le début de l’année, et depuis lesquelles il se tient à carreau.
Quoi qu’il en soit, il nous s’offre ici un one-man-show à la hauteur de la personnalité et du travail de Tommy Wiseau, à savoir un réalisateur incapable de tourner un film, et au caractère ouvertement décomplexé, lunatique, et attachant. Mais James Franco, au contraire de ce dernier, sait orchestrer une histoire au cinéma.
Respectant l’angle de vue de l’acteur Greg Sestero dans son livre inspiré du tournage et de son amitié avec Wiseau, Franco réalise ici une tragi-comédie au ton enlevé, à la mise en scène classique dans son traitement, mais à la reconstitution plutôt bien documentée, et enjouée. D’ailleurs, la complicité parfois ambiguë entre Wiseau et Greg "bouille d’ange" Sestero est très bien rendue à l’écran, étant donné que James Franco y dirige son petit frère Dave Franco, dans la peau de ce dernier. Ignorant à l’époque l’âge, tout comme les origines de son ami, Sestero n’a eu de cesse de croire en ce film et son réalisateur, jusqu’au moment de vérité.