Synopsis : Première femme directrice de la publication d’un grand journal américain, le Washington Post, Katharine Graham s’associe à son rédacteur en chef Ben Bradlee pour dévoiler un scandale d’État monumental et combler son retard par rapport au New York Times qui mène ses propres investigations. Ces révélations concernent les manœuvres de quatre présidents américains, sur une trentaine d’années, destinées à étouffer des affaires très sensibles… Au péril de leur carrière et de leur liberté, Katharine et Ben vont devoir surmonter tout ce qui les sépare pour révéler au grand jour des secrets longtemps enfouis…
Acteurs : Tom Hanks, Meryl Streep, Sarah Paulson, Bob Odenkirk, Matthew Rhys, Bruce Greenwood.
A ceux qui comme nous sont nés pendant la Guerre d’Indochine et dont l’enfance et l’adolescence se déroulèrent durant la guerre du Viêt Nam le dernier film de Spielberg rappellera à la mémoire des souvenirs qui les ont probablement marqués puisque ces guerres étaient évoquées dans les médias de même que les voix (notamment d’artistes) qui aux USA mettaient en question cette guerre. L’affaire des Pentagon Papers [1] est probablement moins connue du grand public qui a plus en mémoire l’affaire du Watergate qui lui succédera quelques mois plus tard (et qui est d’ailleurs évoquée à la fin de The Post).
Au coeur de ce film, tout comme dans Spotlight en 2015, le quatrième pouvoir, la presse. Le réalisateur va aborder une histoire qui a été déterminante pour celle-ci à travers plusieurs axes narratifs : la compétition entre journaux, ici entre le Washington Post et le New York Times ; l’histoire de la première directrice d’un quotidien, Katharine Graham (Meryl Streep) ; celle du rédacteur en chef Benjamin Bradlee (Tom Hanks) ; celle de Ben Haig Bagdikian, un survivant du génocide arménien, journaliste qui a servi durant la deuxième Guerre mondiale, correspondant à l’étranger du The Providence Journal et prix Pullitzer (interprété par Bob Odenkirk !) et qui avait obtenu le fameux dossier de sept mille pages de Daniel Ellsberg (Matthew Rhys) que l’on qualifierait aujourd’hui de "lanceur d’alerte".
Spielberg arrive à maintenir un suspens tout au long de The Post, même pour ceux qui en connaissent l’épilogue et les nombreux autres qui l’imaginent. A l’heure où des médias se laissent aller à du n’importe quoi pour vendre du papier ou de l’information, tandis que d’autres se font parfois museler (en Europe, par exemple) ou sont critiqués par le pouvoir en place (aux USA notamment), ce film est un hommage à ce qu’il y a de meilleur en démocratie : la liberté de la presse. Le récit s’inscrit dans un passé relativement récent où, s’agissant de pouvoir, celui-ci était aux mains des hommes tandis que les femmes n’avaient rien à dire. Le combat de Katharine Graham est ici très bien rendu, femme seule, entourée d’hommes qui estiment qu’elle n’a pas sa place dans la direction d’un grand quotidien et savent bien mieux qu’elle ce qu’il faut faire. Le film est occasion aussi de découvrir l’importance du pouvoir judiciaire aux USA et, notamment, celle accordée et prise par les avocats mais également le rôle positif qu’a pu jouer la Cour Suprême dans une décision concernant la liberté de la presse. Traité à la manière d’un thriller, The Post permet de découvrir l’importance de celle-ci dans la vie "politique" au sens noble du terme, à savoir la gestion publique de la cité. Ajoutons au savoir-faire du réalisateur, les acteurs et actrices au service d’un récit "historique" accompagné par la musique de John Williams en symbiose avec le propos du film.
Bande-annonce :