➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 06 décembre 2017
Signe(s) particulier(s) :
- "Tueurs" s’inspire de l’affaire des Tueries du Brabant, toujours non élucidée en Belgique ;
- premier long-métrage (co-)réalisé par François Troukens, qui n’est autre qu’un gangster repenti, ayant appris la littérature et les métiers du cinéma durant son séjour en prison.
Résumé : Alors que Frank Valken réalise un casse fabuleux, un commando de tueurs entre en action et exécute tous les témoins. On relève parmi les cadavres celui de la magistrate qui enquête sur l’affaire des Tireurs fous. Trente ans plus tard, ils semblent être de retour. Arrêté en flagrant délit et face à la pression médiatique, Frank n’a d’autre choix que de s’évader pour tenter de prouver son innocence.
La critique
Un film de genre, de chez nous, tourné en Wallonie, est-ce possible ? On n’y croyait plus, et pourtant ! Il aura tout de même fallu attendre qu’un ex-détenu s’en charge (tout est possible) ! François Troukens a d’ailleurs puisé dans son expérience, et vécus, pour co-réaliser son premier film, en s’inspirant, de plus, des Tueries du Brabant comme point d’ancrage de son histoire (également co-scénarisée par ses soins).
Dans "Tueurs", il est ainsi question d’une pure fiction, où les "tireurs fous" viennent effacer les nouveaux indices sur leurs horreurs commises jadis, en faisant passer un quelconque voyou et braqueur comme coupable de ces meurtres, et cela à coup de jeux de dupes, de manipulation, et de manœuvres politiques, où l’Etat et les services secrets seront mis à mal, sans parler des médias, présentés ici comme des pantins qui avalent tout ce qu’on essaie de leur faire croire, sans aucun recul.
Alors que l’on sent une belle maîtrise du sujet dans les mains des réalisateurs, il n’est pas étonnant d’apprendre que les personnages du film sont inspirés des individus que Troukens a rencontré lorsqu’il était incarcéré. En effet, ces derniers affichent une certaine authenticité, tandis qu’ils sont interprétés par des acteurs engagés, tels qu’Olivier Gourmet (avec vingt kilos en moins), impressionnant dans le rôle du voyou pris pour cible, au dépourvu, ainsi que Bouli Lanners en véritable crapule, ou encore Loubna Azabal dans la peau du flic qui va chercher à faire le ménage.
Et si, au final, chaque personnage important s’affirme et s’illustre davantage, l’écriture de l’histoire met du temps avant que l’on ne se mette vraiment à s’intéresser à ceux-ci, d’autant plus que les noms de bien d’autres sont cités au cours d’une enquête (pas toujours claire), et pour lesquels on a alors bien du mal à se souvenir des têtes... Dès lors, il en ressort une complexité d’identification des personnages, ce qui pourrait détacher plus d’un spectateur du film, alors perdu, surtout que l’intrigue avance avec rapidité (le film ne fait que quatre-vingt-six minutes de long). Heureusement, lorsque l’on assemble les pièces du puzzle, malgré quelques incohérences, le tout tient largement la route.
Pour un premier film, "Tueurs" est une belle réussite. Mise en scène avec énergie et suspense du début à la fin, voilà un film bien installé dans les codes du polar, d’une efficacité sans précédent, enchaînant courses-poursuites, prises d’otages et échanges intenses, tandis que la musique de Clément Dumoulin apporte du style à cette fiction viscérale contemporaine. Reste à savoir maintenant si Troukens pourra s’affirmer dans un autre film, et ainsi confirmer l’espérance d’un renouveau dans le cinéma francophone wallon de divertissement.
Bande-annonce