➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 06 décembre 2017
Signe(s) particulier(s) :
- George Clooney adapte ici un des scénarios des frères Coen, qu’ils avaient commencé à écrire en 1986 ;
- premier long-métrage de Clooney sans qu’il ne joue dedans ;
- présenté en sélection officielle à la Mostra de Venise 2017 ;
- le film intègre des images d’archives tirées du documentaire "Crisis in Levittown", afin de montrer les relations interraciales brutales dans lesquelles baignait l’Amérique de cette époque (une dizaine d’années après la Seconde Guerre mondiale).
Résumé : Suburbicon est une paisible petite ville résidentielle aux maisons abordables et aux pelouses impeccablement entretenues, l’endroit parfait pour une vie de famille. Durant l’été 1959, tous les résidents semblent vivre leur rêve américain dans cette parcelle de paradis. Pourtant, sous cette apparente tranquillité, entre les murs de ces pavillons, se cache une réalité tout autre faite de mensonge, de trahison, de duperie et de violence... Bienvenue à Suburbicon !
La critique
Après un générique d’ouverture sur fond de publicité vendant les mérites de Suburbicon et son cadre idyllique, le film s’ouvre sur l’arrivée de William et Daisy Meyers à Suburbicon, la première famille afro-américaine à s’y installer, tandis que le facteur prend Mme Meyers pour une domestique, et demande à voir Mrs Meyers... Le soir même, des centaines de personnes foulaient leur pelouse, criant des insultes raciales, et brandissant des drapeaux confédérés. Dès le départ, le ton est donc donné !
Inspiré de faits réels, le scénario des frères Coen, adapté ici par leur fidèle George Clooney, est une satire incisive sur fond de tensions raciales qui sévissaient en Amérique durant les années 50, en regard de celle de Trump, depuis son arrivée au trône. Mais outre ce contexte, il est surtout question d’un jeu de dupes à l’humour noir, comme ses créateurs semblent particulièrement les aimer.
"Bienvenue à Suburbicon" n’est pourtant pas à la hauteur des attentes en ce qui concerne sa critique noire du climat racial dont il s’inspire. En effet, cette première est reléguée en toile de fond pour alors laisser place à un drame domestique sanglant, entre hypocrisie et bidouillage (d’assurances) de tiers, dans un système politique et social bourré de failles.
Avec sa mise en scène assez lente, mais très burlesque, le film peine pourtant à soulever la gravité de ses propos malgré son mordant, la faute à un scénario trop léger, devenant, au fil de ses ressorts, fortement théâtral, prévisible, et à travers duquel on s’ennuie donc bien plus qu’on ne s’amuse avec réjouissance.
Alors que les acteurs font le boulot dans des rôles positivement grotesques, le travail visuel de l’équipe pour les besoins vintages du film est assez raffiné, puisqu’elle a tourné avec des caméras spéciales, au cadre particulièrement large d’image et aux objectifs Panasonic rétro, tout en tournant une partie de ses scènes non pas à Levittown en Pennsylvanie, mais à Fullerton, dans une municipalité du sud de la Californie, où les maisons n’ont pas changées depuis leur construction en 1958, affichant des couleurs adéquates, et peu d’arbres venant entraver le champ de vision du quartier, qui devait ainsi paraître le plus neuf possible. Sur fond de fausse carte-postale, les décors ont du style, desquels on reconnaît bien la patte des frères Coen.
Bande-annonce :