Synopsis : Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d’action s’étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage...
Acteurs : Karin Viard, Anne Dorval, Thibault De Montalembert, Anaïs Demoustier, Dara Trombroff.
Un peu de sociologie pour commencer, avant de traiter du film donc. "Selon la théorie mimétique du philosophe René Girard, la jalousie est un moment dans la dynamique du désir humain. Celui-ci est par nature mimétique, c’est-à-dire que le désir est emprunté à un modèle, qui désire ou possède l’objet avant, et dont l’être fascine. Le jaloux est convaincu que l’être jalousé le devance dans la possession de l’objet et lui en interdit l’accès. La complaisance à entretenir ce sentiment vient de ce que l’existence de l’obstacle que constitue le rival jalousé renforce la valeur de l’objet de la rivalité, laquelle renforce la fascination qu’exerce l’être du rival supposé heureux qui est l’idéal non conscient du sujet.".
Que l’on adhère ou pas aux thèses girardiennes, ses tenants et ses détracteurs connaissent sa théorie mimétique et ce qui a trait à la "mimésis acquisitive". Affirmons de suite que nous sommes loin de là avec ce film. Il ne s’agit donc pas vraiment de traiter de ce qui n’est pas l’un des sept péchés capitaux. Si tout au plus on peut rapprocher la jalousie de l’envie, l’on se dira que sur ce thème David Fincher aurait pu faire un très bon film. Ce que n’est pas vraiment Jalouse des frères David et Stéphane Foenkinos. Nous sortons mitigé ou partagé de la projection du film qui clôturera l’année. En fait, le titre "Jalouse" ne convient pas vraiment pour décrire le comportement de Nathalie, agaçante au possible (en cela bravo à Karin Viard qui arrive à rendre son personnage totalement antipathique), qui, sans être au bord de la crise de nerfs arrive à discréditer tous ceux et celles qu’elle rencontre, qu’ils s’agissent de proches ou pas.
Nous assistons donc à une succession de saynètes où Nathalie est confrontée à d’autres : Nathalie et son ancien mari, Nathalie et sa fille, Nathalie à l’école, Nathalie à la piscine, Nathalie avec sa meilleure amie, Nathalie et celui qu’elle voudrait voir devenir son amant et ne fait rien pour... Situations cocasses et dramatiques à la fois et souvent absurdes à tel point que l’on attend des autres protagonistes qu’ils lui donnent une fameuse gifles pour la ressaisir. C’est qu’elle est en somme Lolo au féminin ! Il ne faut pas demander plus au film qu’il ne peut donner. Il donne d’ailleurs l’impression d’être un film formaté pour la télévision plutôt que pour le grand écran. Bien sûr il y aura une sorte de rédemption au dernier cinquième du film, les réalisateurs s’abstiendront de tout happy end récupérateur et de mauvais aloi. Mais entretemps, le spectateur aura bien des difficultés à avoir de l’empathie pour la protagoniste principale. Nous pensions faire l’impasse sur le film, mais c’est la présence d’Anne Dorval qui nous a incité à faire fi de nos réticences. Au sortir de salle nous retenons le jeu de Dara Trombroff, jeune danseuse qui est ici dans son premier rôle au cinéma. Elle interprète avec grâce et émotion le rôle de Mathilde, la fille de l’insupportable (et jalouse ?) Nathalie.
Pour ne pas vous contenter de notre avis manquant d’enthousiasme, nous vous invitons à découvrir celui de Sylvie Noël sur le blog du cinéma.