➡ Vu au cinéma Cinescope à Louvain-La-Neuve - Sortie du film le 15 novembre 2017
Signe(s) particulier(s) :
- Guillaume Galienne s’est inspiré de la vie d’une femme rencontrée il y a plus d’une décennie pour mettre en images son nouveau film ;
- quatre ans après "Les Garçons, et Guillaume, à Table !" (meilleur film, meilleur premier film, meilleur acteur pour Guillaume Gallienne, meilleure adaptation pour Guillaume Gallienne et meilleur montage pour Valérie Deseine aux Césars 2014), "Maryline" est le second film du sociétaire de la Comédie Française.
Résumé : Maryline a grandi dans un petit village. Ses parents ne recevaient jamais personne et vivaient les volets clos. À 20 ans, elle "monte à Paris" pour devenir comédienne. Mais, elle n’a pas les mots pour se défendre. Elle est confrontée à tout ce que ce métier et le monde peuvent avoir d’humiliant mais aussi de bienveillant. C’est l’histoire d’une femme, d’une femme modeste, d’une blessure.
La critique
Quatre ans après le triomphe public et critique de son premier film "Les Garçons, et Guillaume, à Table !", Guillaume Galienne nous revient avec son second effort, confirmant son talent de conteur, mais situé à des années-lumières de la fougue et de l’auto-dérision qui se dégageait de son premier film.
"Maryline", c’est le portrait d’une fille de province, pleine de modestie, taiseuse, qui, ne trouvant pourtant pas les mots pour se défendre, décide de "monter à Paris" pour y devenir comédienne... Avec ce film, Guillaume Galienne explore le monde de ces personnalités qui restent lumineuses malgré le poids des humiliations, et tout ce qu’elles ont pu endurer pour arriver à leurs fins. C’est aussi un pamphlet sur les conditions de la carrière d’actrice et des difficultés rencontrées pour y arriver. Mais Galienne a surtout voulu ici mettre en images l’handicap invisible de l’incapacité à s’exprimer de vive-voix, et ses conséquences, telles que le repli, l’alcool, la violence, etc.
On ressent une grande part d’authenticité dans ce récit écrit par Galienne lui-même, autour d’un point de départ réel, mais auquel a greffé une majorité de fiction, et d’intrigues emboîtées. Si son film résonne comme une mélodie intime, son effet est quant à lui interne, et perçant. À travers les silences de son personnage principal, on y ressent comme un cri venu du fond de la gorge. Mais on a beau suivre le parcours de cette jeune femme mystérieuse, on ne comprend pas pourquoi autant d’acharnements à son sujet, ni pourquoi autant d’alcool, alors qu’elle ne semble pas forcément (et directement) en rebondir... De même, on a du mal à s’y attacher, la faute à la mise en scène du film.
En effet, Galienne n’a pas choisi ici de raconter son histoire de manière convenue, (ce qui est une bonne chose en soi), mais sous forme de morceaux chronologiques de la (triste) vie de Maryline, jusqu’à son état de grâce, et sa reconnaissance d’actrice, pour laquelle elle s’est battue. Cette mise en scène désarçonne malheureusement le spectateur, tout d’abord parce qu’elle aligne les passages décisifs, comme anecdotiques, du combat de Maryline, tandis qu’un certain effet de répétition en résulte, étant donné qu’elle n’a cessé de percer, et de retomber. Ensuite, ces nombreuses ellipses ne permettent pas d’installer une émotion grandissante pour son personnage, en nous coupant ainsi l’herbe sous pied, étant donné le montage en bribes. Au pire, de la compassion s’en dégage, mais nous ne sommes que trop rarement dans l’empathie, d’autant plus que son évolution psychologique est quasi-absente, elle qui est très (trop) passive. Cependant, Adeline d’Hermy (de la Comédie-Française), dans la peau du personnage principal, est tout simplement brillante, et supporte magnifiquement sur ses épaules ce rôle difficile d’écorchée-vive, dirigée par un Galienne qui ne lache rien. Enfin, Galienne offre à son film des passages dignes du théâtre ou de la littérature, ce qui demande une lecture différente de la part du spectateur, qui s’y perd un peu, et n’a pas le temps de s’y acclimater. Finalement, si l’on comprend où le réalisateur veut en venir, on reste dubitatif quant au chemin emprunté, et la forme choisie.
Bande-annonce :