➡ Vu au cinéma Caméo des Grignoux - Sortie du film le 15 novembre 2017
Signe(s) particulier(s) :
- nouvelle réalisation de Tonie Marshall, la seule cinéaste à avoir remporté le César de la meilleure réalisation pour "Vénus Beauté (Institut)" en 2000, et dont le dernier film en date était "Tu Veux ou tu Veux Pas" en 2014, avec le duo Bruel-Marceau.
Résumé : Emmanuelle Blachey est une ingénieure brillante et volontaire, qui a gravi les échelons de son entreprise, le géant français de l’énergie, jusqu’au comité exécutif. Un jour, un réseau de femmes d’influence lui propose de l’aider à prendre la tête d’une entreprise du CAC 40. Elle serait la première femme à occuper une telle fonction. Mais dans des sphères encore largement dominées par les hommes, les obstacles d’ordre professionnel et intime se multiplient. La conquête s’annonçait exaltante, mais c’est d’une guerre qu’il s’agit.
La critique
Avec son sujet plus que d’actualité, Tonie Marshall s’empare d’un problème de société récurrent dans le monde sexiste, misogyne et humiliant des grandes entreprises (et pas que), soit la place de la femme.
Avec l’aide de Raphaëlle Bacqué (journaliste et grand reporter au Monde) et de femmes occupant de hauts postes dans de grandes entreprises (Anne Lauvergeon, Laurence Parisot, Claire Pedini...), Tonie Marshall s’est vue confier un beau dossier réaliste autour de ce monde impitoyable afin de mettre en place l’histoire de son héroïne, Emmanuelle Blachey, et son parcours du combattant pour s’y frayer sa place. Elle qui n’a jamais cessé de gravir les échelons, devra alors gravir les obstacles (de tout ordre), pour ainsi pouvoir assumer ses nouvelles fonctions.
"Numéro Une" est un film féministe, documenté, ayant intelligence de ne pas s’enfoncer dans le pessimisme de situation. En effet, malgré les menaces et les conséquences (professionnelles comme familiales) de ses choix, le personnage d’Emmanuelle Devos ne perdra jamais l’audace et l’assurance qui lui ont permis d’arriver là où elle en est, tout en exerçant ses plus hautes compétences, n’ayant alors rien à envier à celles d’autrui, qui s’octroie sa place de plein pied.
Mais outre ce combat, le film met en lumière la méthode de promotion autour d’une nomination en vue, que ça soit pour se montrer, se vendre et surtout marquer les opinions afin de gagner la confiance d’autrui. Sans oublier également les fidèles rouages et filons peu catholiques que l’on retrouve, à vrai dire, un peu partout dans le monde actuel, dans l’optique de manipulation, d’intimidation, et de conservation, sous abus de pouvoir.
Si la mise en scène soignée, et la photographie (de Julien Roux) renforce l’atmosphère féroce et froid des grandes entreprises, c’est bien Emmanuelle Devos qui, comme à son habitude, magnétise l’écran, que ça soit par son jeu concis, son regard perçant, sa posture d’occasion, et son dicton succin, entre moments d’assurance et de faiblesses, mais plein de bravoure. D’ailleurs, les dialogues font souvent mouche, bien qu’on échappe parfois à certaines notions, et donc à certaines épaisseurs du scénario.
Le casting masculin est également à saluer, même si leurs personnages ne brillent pas forcément par l’authenticité de leur personnalité, tels que Richard Berry (salaud en beauté) et Benjamin Biolay (glaçant), sans oublier la présence de Sami Frey et John Lynch, venus contre-balancer l’image néfaste de l’homme dans le film, bien que ces deux derniers fassent partie de la famille du personnage principal, ce qui lui sera bien utile pour trouver conseil, se forger, et donc s’affirmer.
Bande-annonce :