Synopsis : Jeannette Walls, chroniqueuse mondaine à New-York, a tout pour réussir et personne ne peut imaginer quelle fut son enfance. Elevée par un père charismatique, inventeur loufoque qui promet à ses enfants de leur construire un château de verre, mais qui reste hanté par ses propres démons, et une mère artiste fantasque et irresponsable, elle a dû, depuis son plus jeune âge, prendre en charge ses frères et sœurs pour permettre à sa famille dysfonctionnelle de ne pas se perdre totalement. Sillonnant le pays, poursuivis par les créanciers, et refusant de scolariser leurs enfants, les Walls ont tout de même vécu une vie empreinte de poésie et de rêve, qui a laissé des marques indélébiles, mais qui a créé des liens impossibles à renier.
Acteurs : Brie Larson, Naomi Watts, Woody Harrelson, Sarah Snook.
En 2005, âgé de 45 ans, l’écrivaine et journaliste américaine publiait un roman The Glass Castle, traduit en français sous le titre Le Château de verre. Récit autobiographique, retour sur son enfance qu’elle voulait garder secrète.
Destin Daniel Cretton, à qui l’on doit l’excellent Short Term 12 [1] (décrié par certains critiques qui y voyaient "les pires clichés du cinéma indépendant propre à tirer la larme à l’oeil du spectateur") qu’il met en scène et réalise en 2013, s’attaque et s’attache à ce roman. C’est que cette histoire le touche : "C’est une histoire tellement intime qu’en la lisant, je m’y suis parfaitement retrouvé. Je n’ai pas vécu une enfance aussi délirante que la sienne, mais je me suis reconnu dans sa découverte de l’amour et de ses différentes facettes et dans sa vision de la famille, à la fois merveilleuse et terrifiante. C’est une histoire dont la réalité est palpable et qui offre un formidable exutoire au lecteur. Quand on la lit, on se sent beaucoup moins seul et isolé.". Le film qu’il qu’il va également mettre en scène et réaliser lui permet de donner à nouveau un rôle à Brie Larson (déjà l’actrice principale de Short Term 12, mais aussi avec d’autres réalisateurs, Room et Don Jon, notamment) celui de l’écrivaine et héroïne.
Tout comme dans le roman, le ton est donné lorsque l’on découvre que le couple fouillant les poubelles et que voit Jeannette Walls depuis un taxi est en réalité ses parents [2]. Le film balancera ensuite entre l’aujourd’hui et le passé de cette famille dysfonctionnelle. L’un et l’autre sont relus et revus par le réalisateur : "Il s’agit d’un travail de fiction, et pas d’un documentaire, mais j’espère qu’en enrichissant le parcours de Jeannette, nous avons réussi à créer une oeuvre originale susceptible d’être appréciée par toutes sortes de gens. Le livre de Jeannette a touché énormément de gens et on a vraiment souhaité que le film plaise à tous les amateurs du livre, mais aussi aux Walls. D’une certaine façon, on a cherché à créer un album photo émouvant de leurs souvenirs.".
La famille que l’on retrouve dans ses origines semble proche de celle formée par Captain Fantastic (on y retrouve même deux des jeunes enfants acteurs, Shree Crooks et Charlie Shotwell y étaient également frère et soeur ! La comparaison s’arrêtera cependant là. C’est que les familles sont radicalement différentes. Dans Captain Fantastic, il y a un choix délibéré d’un style de vie hors des systèmes sociaux et éducatifs tandis que pour The Glass Castle où l’on se concentre sur l’histoire (vraie, rappelons-le) de ces deux anticonformistes que le choix de vie oblige à fuir constamment les conséquences de leurs actions. Là où Viggo Mortensen incarnait un père très présent, conscient de ses choix, Woody Harrelson incarne un père présent par défaut, alcoolique, inventeur... dans ses rêves où il aimerait construire un château de verre pour sa famille... mais dont l’alcoolisme, les absences et la dilapidation du peu de ressources financières ruinent à tous les sens du terme la cellule familiale atypique et dysfonctionnelle. A ses côtés, une épouse et mère artiste, tente tant bien que mal de faire tenir la famille, malgré la faim, la pauvreté, la honte et la fuite de la société... par nécessité. Précisons que Woody Harrelson habite magistralement son personnage, le rendant totalement antipathique. Le spectateur "normal" ressentira une véritable aversion pour ce personnage asocial dont les choix de vie mèneront la plupart des enfants à faire le choix de quitter, voire de fuir la cellule familiale.
Le film qui " parle des liens familiaux et explique qu’il faut parfois accepter le fait qu’on n’est pas toujours aimé comme on le souhaiterait par ses proches, mais qu’on peut malgré tout leur pardonner. C’est très rare d’avoir l’opportunité de voir quelqu’un comme Jeannette passer de l’enfance à l’âge adulte, et d’être témoin des occasions manquées et des malentendus, puis de la voir retrouver ce qu’elle avait perdu. Je tenais vraiment à rester fidèle à son parcours. (Brie Larson)" oscille entre présent et passé, occasion aussi de montrer un certain visage de la société américaine, de l’importance du paraître et des "jeux sociétaux". Le film est "intéressant" à voir, mais semble parfois bancal, en particulier dans son alternance entre passé et présent, même si l’histoire est vraie... Celle-ci donnera peut-être l’envie de (re)lire le roman.
On pourra poursuivre la réflexion par la lecture de la critique de Jim Chartrand de Montréal, intitulée The Glass Castle : prison de rêves.
Bande-annonce :