Synopsis : Anne Laurent est à la tête d’une grande entreprise, qu’elle a reprise de son père vieillissant. Toute la famille habite dans une grande maison bourgeoise près de Calais. Le conflit des générations et d’autres tensions inattendues vont mettre tous les membres de la famille en émoi.
Acteurs : Isabelle Huppert, Toby Jones, Mathieu Kassovitz, Jean-Louis Trintignant, Fantine Harduin, Nabiha Akkari, Franz Rogowski, Loubna Abidar.
Cinq ans après Amour, Haneke retrouve Jean-Louis Trintignant et Isabelle Huppert pour un film qui pourrait être la suite du précédent... "pourrait" sans plus, si ce n’est que Georges Laurent ( Jean-Louis Trintignant) signale durant le film qu’il a mis fin aux jours de sa femme en l’étouffant (comme "Georges" - Jean-Louis Trintignant - le fait dans Amour !). Lien ou clin d’oeil puisque dans l’un et l’autre film, la fille est interprétée par Isabelle Huppert porte un prénom différent. En fait, plus qu’à un film récent, ce Happy End nous renvoie aux oeuvres de jeunesse de Haneke et plus particulièrement à sa trilogie de la glaciation : Le Septième Continent (Le Septième Continent) (1989), Benny’s Video (1992), et 71 Fragmente einer Chronologie des Zufalls (71 Fragments d’une chronologie du hasard) (1994) et tout particulièrement avec Benny’s Video, si ce n’est que le garçon de 14 ans est ici "remplacé" par une petite fille de bientôt 13 ans... et où la vidéo joue un rôle important (par le biais ici de Snapchat) (média important au point que les premières minutes du film sont une vue via le mode "portrait" (cette vue verticale avec des bandes importantes à gauche et à droite, très irritant pour un cinéphile) d’un smartphone où l’un des protagonistes qui l’on découvrira être Eve, la fille issue du premier mariage de Thomas Laurent (Mathieu Kassovitz), le frère d’Anne (Isabelle Huppert). Eve est magistralement interprétée par Fantine Harduin, une jeune actrice belge, originaire de Mouscron et âgée de 12 ans ! Elle s’était fait remarquer essentiellement jusque là dans le registre de la comédie. Ici, elle se révèle empoisonneuse d’un petit hamster... mais ce n’était qu’une essai avant de tenter une expérience à plus grande échelle et dont on vous laisse découvrir le résultat à l’écran, notamment dans le bouleversement d’une grande famille bourgeoise qui s’ensuivra.
Ces images (volées), passées, le film nous dirige vers un chantier où un effondrement (réel, mais aussi probablement avec des conséquences symboliques) soudain viendra bouleverser une vie (celle d’un ouvrier) et une entreprise. Cet accident sera un des fils conducteurs (mineur cependant) du récit qui se concentrera surtout sur les relations entre les membres de cette famille bourgeoise, "bien sous tous rapports". Le réalisateur nous propose ainsi nombre de "scènes de la vie familiale" pour ne pas écrire "conjugale"... même si le film conjugue, justement l’approche de plusieurs couples. Celui de Thomas avec sa première épouse, celui de Thomas avec Anaïs, son épouse actuelle, celui de Thomas avec sa maîtresse (violoncelliste) avec qui il échange une correspondance licencieuse, sulfureuse, sexuellement explicite (correspondance partagée donc). Ce sont les rencontres autour de la table, avec, au centre, Georges Laurent, le patriarche qui ne demande qu’une chose, quitter cette vie. Il tentera de le faire lui-même, échouera, demandera à des étrangers africains dans la rue et à son coiffeur (Dominique Besnehard, un peu caricatural)... sans succès. Reste la petite fille, Eve. A découvrir à l’écran donc. Il ne faut pas oublier cependant un électron libre, Pierre Laurent (Franz Rogowski) censé reprendre l’entreprise familiale, mais qui pense et agit autrement, attentif à ceux qui sont sans voix... jusqu’à vouloir leur donner une voie d’accès dans un restaurant où tous la famille et les amis bourgeois sont réunis... Tout cela sous le regard de Georges et d’Eve qui vous conduira, en fauteuil vers le sens de votre vie ! Parce qu’après tout, la vie n’est-elle pas de retourner à l’océan primitif ?
Le dernier film d’Haneke est donc "intéressant" ! Le mot et les guillemets sont là pour signifier une (légère) déception. La même que celle l’on a connue lorsque le réalisateur a réalisé en 2007 Funny Games US son remake américain de son Funny Games autrichien de 1997. C’étaient là quasiment les mêmes plans, mais la beauté des images et des acteurs/actrices dans le remake atténuait le caractère très flippant du premier ! Ici, pour Happy End, il manque un petit quelque chose pour arriver à l’incandescence et au trouble généré par d’autres de ses films et tout particulièrement Benny’s Video.
Bande-annonce :