Synopsis : Isabelle, divorcée, un enfant, cherche un amour. Enfin un vrai amour.
Acteurs : Juliette Binoche, Xavier Beauvois, Philippe Katerine, Josiane Balasko, Gérard Depardieu, Nicolas Duvauchelle, Valeria Bruni Tedeschi, Bruno Podalydès, Sandrine Dumas.
Malgré un casting impressionnant et séduisant (dont on suppose que certains rôles assez brefs permettront de vendre le film avec un "nom" sur l’affiche !), le film n’a pas rayonné suffisamment pour nous éblouir. Toutefois, il est probable que les raisons mêmes qui font que le film ne nous a pas emballé seront celles qui séduiront d’autres (ce fut le cas de certains échanges en sortie de salle avec d’autres critiques).
Très clairement (s’agissant de soleil !) Claire Denis change par rapport à ses films précédents et offre une oeuvre assez voire très bavarde, esthétisante, comme si c’était une caricature de film d’auteur. Juliette habite profondément et extérieurement (jusqu’au risque d’énerver et de crisper les spectateurs comme le sont ses protagonistes dans le film... et l’on pourrait même dire que le pari serait alors réussi) cette divorcée, une "femme sous influence" [1] et indécise ! La réalisatrice signale que c’est le thème de leurs (elle et la coscénariste Christine Angot) ’propres « agonies amoureuses » qui a déclenché l’écriture’. Elle précise ainsi : "Du coup on s’est servies de nous-mêmes bien comme il faut. La femme, au moment où elle apparaît dans le scénario, c’est d’abord nous, Christine Angot et moi. Nos morceaux de vies, nos fractions d’histoires. C’est ensuite que Juliette s’est matérialisée dans notre esprit. Juliette Binoche s’est imposée à nous comme l’intermédiaire idéale dans le rôle d’Isabelle. Il fallait un corps féminin crémeux, voluptueux, désirable. Une femme belle de visage et de chair, chez laquelle il n’y a pas de défaite annoncée, pour laquelle, dans les combats amoureux, la victoire est possible, sans laisser penser pour autant que c’est gagné d’avance."
C’est ensuite au tour du spectateur d’agoniser, de combattre contre cette femme qui lui est imposée. Passant d’un homme à l’autre, les accueillant et rejetant tout à la fois, disant une chose et puis son contraire, définition parfaite du mot "velléitaire". Ceux et celle qui viendront pour Depardieu ne le découvriront qu’à la fin, miroir masculin d’Isabelle, voyant qui hésite sur l’avenir de sa cliente (patiente ?), sur le sien, sur le leur et qui ne sait se dire à lui-même et à elle ce qui lui passe par la tête, son désir, ses incertitudes... Les vis-à-vis masculins de Juliette Binoche jouent bien sûr leur partition au gré de ses incertitudes dans un film qui déroutera les habitués du cinéma de Claire Denis et pourrait en séduire d’autres, probablement. Pour leur donner éventuellement l’envie de le voir (et sans jouer ici à Isabelle !), ils trouveront ci-après quelques extraits de la note d’intention de la réalisatrice (cliquez pour lire).