Synopsis : Un jeune et talentueux chauffeur pour plusieurs braqueurs de banques s’évertue d’être le meilleur dans son domaine. Quand il rencontre la fille de ses rêves, Baby voit une chance d’en finir avec sa vie criminelle et d’en sortir pour de bon. Mais après avoir été forcé à travailler pour un criminel haut placé, il doit faire face à la réalité lorsqu’un braquage qui tourne mal menace sa vie, son amour et sa liberté.
Acteurs : Ansel Elgort, Lily James, Kevin Spacey, Jon Bernthal, Jon Hamm, Jamie Foxx, Sky Ferreira, Jeff Chase.
Un film (in)attentdu !
Cela avait commencé en décembre dernier, sur un forum cinéphile où l’un des contributeurs plaçait ce film dans ses attentes pour 2017. Ensuite, le pire semblait à craindre, lorsqu’un participant publie ceci en mars dernier : "La bande-annonce de Baby Driver n’offre aucune surprise : le produit semble conforme à la formule Wright, laquelle est basée sur l’exploitation pénible d’une idée de départ. Ici, le film de casse cool, monté avec des tubes musicaux, galerie de personnages hauts en couleur, répliques percutantes... Bref, comme un ersatz périmé de Tarantino. Je ne sens chez lui, peut être à tort, ni patte identifiable ni de projet de mise en scène à proprement parler. Juste un mec qui suit un peu bêtement une mouvance." Jusqu’à ce qu’un forumeur ayant vu le film publie mi-juin 2017 : "Edgar Wright is back ! Très fun, excellent casting, une imagination visuelle sans commune mesure, un scénario original (c’est tellement rare), des scènes d’action couillues. Ce n’est pas non plus parfait (quelques scènes au milieu ont fait un peu retomber mon enthousiasme), mais cet été ce film apportera un vent de fraîcheur.". Le film commençait à faire le buzz, cartonne à 8,4 sur IMDB et devra attendre le plein milieu de l’été pour être vu en Belgique et en France. Autant dire que c’est regrettable, car à moins de faire le buzz sur le modèle des blockbusters estivaux, Baby Driver risque de passer inaperçu. Et c’est tout le contraire qu’il faut souhaiter à ce film pour lequel, je puis dire, dans un jargon qui n’est pas le mien et qui probablement commence même à dater, que j’ai kiffé grave !
aux références assumées
Le réalisateur, jeune quadragénaire, avait déjà séduit (ou irrité) le public et/ou les cinéphiles en passant de la télévision au cinéma avec Hot Fuzz (2007), Scott Pilgrim vs. the World (2010) ou encore The World’s End en 2013. En tout cas, il n’avait pas laissé indifférent. Son dernier long-métrage est une véritable claque et une très très bonne surprise. Et pour ce dernier terme, il vaut mieux ne rien dire de trop du film, au risque de spoiler, de "divulgâcher" le plaisir du spectateur qui va se voir offrir sur un plateau presque deux heures de film où l’action et la musique se conjugue aux jeu de grands acteurs pour vous offrir une histoire qui puise ses racines (références probablement assumées) à The Driver (Walter Hill, 1978) et à Drive (Nicolas Winding Refn, 2011), le tout à la sauce Tarantino et probablement un peu Guy Ritchie.
De la musique dans les esgourdes !
La musique diégétique est importante, terriblement importante, constitutive du film et de son intrigue, mais aussi de la bande-son entendue par le spectateur. Car les notes balancées par l’antique iPod du jeune conducteur dans ses oreilles le son(t !) aussi dans celles du spectateur. Celui-ci remarquera que Baby (le surnom du jeune chauffeur) chante ce qu’il entend. Mais ici, "chante" et "entend" sont une façon de parler qui ne décrit pas le réel de façon satisfaisante. C’est que Baby est ici mutique et ne fait que du playback, en chantant silencieusement, car seuls ses mouvements de lèvres sont en accord avec les chansons. C’est d’ailleurs à ce point essentiel que l’on ne peut que conseiller aux spectateurs de voir/écouter le film en version originale et, aux distributeurs, de garder dans les chansons d’origine dans les versions doublées, car le lipping est important (la synchronisation parfaite donc entre le mouvement des lèvres et le son !). Ce rapport du jeune conducteur à la musique est constitutif du film. C’est la colonne vertébrale de son personnage dont le déroulement de l’intrigue permettra de comprendre son origine dans un drame familial, l’utilisation d’un vieil iPod, l’importance de la musique, son mutisme bien sûr. Le spectateur découvrira aussi que ce son que Baby envoie dans ses oreilles est vital pour lui, comme une sorte de remède à un mal qui le ronge et le submerge. Bien plus, notre conducteur a une intelligence et des capacités inhabituelles qui lui permettent - notamment - de suivre une conversation sur les lèvres (et on comprendra pourquoi en découvrant le personnage qui occupe son appartement) tout en écoutant sa musique. Celle-ci, ou plutôt, les chansons lui servent aussi de minuterie pour l’action et les braquages. Car c’est aussi un film de casse. Jouissif !
Baby (Ansel Elgort) deviendra grand !
Notre Baby a une dette envers un certain Doc. Kevin Spacey est magistral dans sa figure de gangster au-dessus de la mêlée et qui a les moyens de se faire respecter, sans compter un contrat qui le lie à celui qui est son jeune "protégé"... quoique ! Autour de lui, quelques grands acteurs, ainsi Jon Hamm dans un rôle flippant, celui de Buddy, un vilain gangster qui "en a vraiment après" Baby, surtout si l’on touche ou met en danger sa compagne Darling (Eiza Gonzalez), mais c’est déjà beaucoup trop dire. Il y a aussi Jamie Foxx (Bats) et Lily James qui, avec Baby fera parfois songer à Bonnie and Clyde ! Toutefois, c’est incontestablement le jeune Ansel Elgort qui ravit la vedette à tous en transcendant littéralement le film et l’écran. Un peu plus de vingt ans à peine avec derrière lui le rôle de Caleb dans la saga adolescente (Divergent, Insurgent et Allegiant) et aussi Gus dans The Fault in Our Stars. On n’écrira pas qu’il joue à contremploi comme l’on fait d’autres jeunes avant lui, comme Daniel Radcliffe ou Robert Pattinson, par exemple, mais qu’il assure vraiment dans ce film qui ne se limite pas à un simple divertissement. Ce n’est pas un film "indépendant", car c’est bien sûr un film commercial. Mais il est intelligent, divertissant, ne demande pas de déposer son cerveau au pied du fauteuil, ménage un suspens, se permet même d’être "moral" et d’ouvrir à une possible rédemption. Un film à voir et revoir et à écouter dans un même mouvement. On ne peut que vous convier à faire un brin de conduite avec ce Baby (driver), pour découvrir aussi sa collection de K7 mais aussi son étrange passion pour les sons qu’il travaille, un peu à la manière de Thomas, dans Sonar.