Synopsis : L’histoire d’amour improbable entre une femme arthritique et un pêcheur solitaire et renfermé qui l’a engagée pour faire son ménage. En réalité, Maudie se révèle une piètre ménagère ; au lieu de nettoyer, elle passe son temps à recouvrir les murs de peintures vivaces et colorées. Basé sur l’histoire authentique de la peintre canadienne Maud Lewis décédée en 1970, restée pauvre toute sa vie et dont les oeuvres sont aujourd’hui vendues aux enchères.
Acteurs : Sally Hawkins, Ethan Hawke, Kari Matchett, Gabrielle Rose
Maudie, c’est le titre du biopic de toute beauté consacré à Maud Lewis (1903-1970). Vous ne connaissez pas ? Moi non plus. Allez lire (après avoir vu le film) la page que Wikipedia lui consacre et qui précise que "c’est l’une des artistes folkloriques canadiennes les mieux connues de par le monde". Après, sauf si vous manquez de patience, car les Belges devront attendre la mi-septembre pour le voir et les Français le 8 novembre. Etonnant et surprenant puisque le film a déjà une longue carrière dans les festivals et qu’il a débutée le 2 septembre 2016 (première au Telluride Film Festival) et ensuite, et évidemment oserais-je écrire, au Canada le 12 septembre, au Toronto International Film Festival. Pour des raisons qui dépassent le cadre de cet article, la diffusion tarde donc dans nos régions. Les journalistes belges ont eu la chance de découvrir en projection presse une version canadienne du film (plus exactement la version originale sous-titrée en français canadien).
Que dire ? Maudie m’a tué ! Le film est de toute beauté avec deux acteurs magistraux dans leur interprétation. Un film sensible et sentimental qui évite la sensiblerie et le sentimentalisme. L’émotion est au rendez-vous, grâce au talent de la réalisatrice irlandaise dont c’est quasiment la première oeuvre au cinéma (elle s’est essentiellement consacrée à des séries télévisées) et à celui de la scénariste canadienne Sherry White (qui s’est, elle aussi, majoritairement attachée au séries télé). Mais ce double talent se conjugue à un duo d’acteurs au top niveau.
L’actrice anglaise Sally Hawkins (Paddington, X+Y, Blue Jasmine et même The Double pour un petit rôle) habite véritablement celle qui ignore être artiste, Maud Lewis, atteinte de polyarthrite rhumatoïde qui va se mettre (voire s’imposer) au service d’un pêcheur rustre et isolé, Everett Lewis. C’est l’américain Ethan Hawke qui joue ce rôle où il est bluffant, impressionnant pour habiter un homme rustre, désagréable, qui considère que son chien, sa maison, ses biens passent devant celle qui deviendra sa femme. Si l’intrigue est intéressante (une femme qui ignore être artiste, vend pour trois fois rien ses "oeuvres"... alors même que son mari pense qu’il dupe les acquéreurs tant il ne croit pas à la valeur de celles-ci, qui sont achetées pour être revendues plus cher et qui, plus tard, seront hors de prix et introuvables, et dont la maison elle-même devient une oeuvre qui sera déplacée dans un musée canadien consacré à celle qui sera alors considérée comme une Artiste) ce sont à la fois l’interprétation des deux protagonistes principaux, les décors, paysages, le cadrage et la bande-son qui émerveillent, émeuvent, emplissent d’émotion pour rendre de la beauté à l’écran et dans le coeur.
Les images finales nous montrent les "vrais" personnages filmés par une équipe de télévision à l’époque (épisode reproduit durant le film). Le spectateur découvrira que la fiction est encore bien en deçà de la réalité, sombre, noire, tragique, dramatique, de deux êtres paumés, aux frontières de la société et de l’humanité... Enfin, la musique de Michael Timmins est au service du film, de l’intrigue et de l’émotion. Rarement des accords de guitare ne m’ont touché à ce point depuis ceux de Gustavo Santaolalla, il y a douze ans dans Brokeback Mountain !
Bande-annonce