Synopsis : Qui croirait que la championne internationale des villes en transition est une petite commune française ? C’est pourtant Rob Hopkins, fondateur du mouvement des villes en transition, qui le dit. Qu’est ce qu’on attend ? raconte comment une petite ville d’Alsace de 2.200 habitants s’est lancée dans la démarche de transition vers l’après-pétrole en décidant de réduire son empreinte écologique.
Vous avez vu le documentaire Demain ? Ou entendu parler de lui ? Il nous faisait découvrir un monde où il était possible de vivre autrement, à taille humaine.
Demain ? c’est déjà « aujourd’hui » pour un petit village d’irréductibles gaulois, non, mais alsaciens ! Un petit village qui semble nous proposer un retour dans le temps. Un vivre ensemble, un penser autrement, un respect de la nature et des hommes qui l’habitent sont au centre du film et de l’expérience d’un peu plus de deux mille habitants, villageois qui privilégient les cycles courts… et vertueux.
Précisons d’emblée que c’est une version retravaillée d’une émission diffusée l’an dernier en télévision sur la chaine France 3. Outre que cela se ressent, il en ressort quelque chose de très militant aux sens à la fois noble et irritant du terme. Pour ce film, le contenu et le message dominent et écrasent complètement tout l’aspect cinématographique. Cela fait beaucoup à subir pour un film de deux heures que l’on s’attendrait plutôt à voir diffuser sur la chaine ARTE après 22h00. C’est donc un pari risqué que fait cette documentariste (engagée !) de la télévision pour (s’)offrir une tribune dans les salles de cinéma.
Elle donne la parole tour à tour à plusieurs protagonsites qui se retrouvent autour d’une « charte » de vie propre à leur éviter « d’aller droit dans le mur ». L’écologie - mais pas que - a une place première. Comment être autonome, auto-suffisant être solidaires, renforcer les liens nécessaire pour tous les acteurs d’un vivre ensemble et autrement ? Ils intègrent des notions dont on parle couramment mais que l’on met rarement en pratique et en vérité : la diminution de la consommation d’énergies fossiles et de l’émission des gaz à effet de serre.
Le documentaire fait découvrir qu’une autre façon de vivre est possible. L’expérience de ces villageois n’est pas la seule et il en est d’autres dont on fait état plus ou moins régulièrement dans les médias. On ne peut qu’adhérer à ce projet de régie agricole, de mise en avant de la permaculture, de proposition d’un véritable pain biologique (et aussi sans gluten). Un témoin nous dira que pour son père et son entourage sa démarche fut d’abord perçue comme une trahison. Aujourd’hui, le regard a changé. C’est aussi la redécouverte, sauvegarde et utilisation de semences anciennes… de la culture sans labour… le primat à accorder à l’éducation et la formation.
Ce film doit donc être vu par tous ceux qui se sentent citoyens du monde et qui veulent oeuvrer à de nouvelles transitions pour vivre autrement demain (et déjà aujourd’hui). Ceux qui pensent éoliennes et panneaux solaires… Quoique pour ce point, nombreux doutent de la neutralité de ceux-ci. Il semblerait que leur production pose de très nombreuses questions environnementales.
Oui.. mais !
Il reste toutefois une question bien plus fondamentale qui risque de casser le rêve de façon brutale. Celle-ci a été abordée par le théologien Eugen Drewerman dans les années nonante. Pour de tels projets, il faut que les villes ne soient plus des villes, il faut abandonner toute une série de biens de consommation qui nous empêchent d’être humain(s). Il faut vivre comme d’autres humains sur la Terre (mais qui eux y sont condamnés alors qu’ils rêvent de rejoindre notre modèle occidental). Si l’on veut vivre ainsi (ce que nous avons connu en partie dans la ferme familiale dans la fin des années cinquante) nous sommes beaucoup trop nombreux sur la terre. Il nous faut laisser la place à la faune et à la flore. Ne pas « croître et se multiplier en dominant la terre » comme le prescrit Genèse. Il nous faudrait diviser par dix le nombre d’humains - une espèce singulièrement invasive - et passer de sept milliards de terriens à sept cent millions ! Mais qui est prêt à cela ? Soit donc se préparer à un véritable malthusianisme !
Nous ne voyons pas comment adapter cela au monde en l’état. Le risque est donc que l’expérience (que l’on ne peut qu’approuver) de ce village ne soit celle d’un groupe d’irréductibles écolos-bobos (ce dont se défendent les villageois) qui rêvent d’un impossible retour à une Nature primordiale… et cela tant que nous peupleront la terre avec une telle densité et que nous cesserons de nous multiplier au rythme actuel !
Pour aller plus loin, nous conseillons, particulièrement en milieu scolaire, d’utiliser le dossier-presse qui est quasiment un dossier pédagogique.
Bande-annonce :