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Cinécure est un site appartenant à Charles Declercq et est consacré à ses critiques cinéma, interviews sur la radio RCF Bruxelles (celle-ci n’est aucunement responsable du site ou de ses contenus et aucun lien contractuel ne les relie). Depuis l’automne 2017, Julien apporte sa collaboration au site qui publie ses critiques et en devient le principal rédacteur depuis 2022.

Christopher Nolan
Dunkirk (Dunkerque)
Sortie le 19 juillet 2017
Article mis en ligne le 18 juillet 2017

par Charles De Clercq

Synopsis : Le récit de l’évacuation de Dunkerque, au début de la Seconde Guerre Mondiale.

Acteurs : Tom Hardy, Kenneth Branagh, Mark Rylance, Cillian Murphy, Harry Styles, James D’Arcy.

Dès le début du film nous entrons immédiatement dans l’action où l’on suit quelques jeunes militaires qui se font tirer dessus tout en voyant tomber du ciel des feuillets de propagandes allemande : fuyez nous vous encerclons. Nous sommes à Dunkerque, dans la ville, que nous quittons très vite pour arriver sur une plage où se trouvent des milliers de soldats. Ce sera un des théâtres de l’action du film qui en propose trois avec des temporalités différentes annoncées à l’écran dès les premières minutes du film :

  • Le môle : sept jours
  • La mer : un jour
  • Le ciel : une heure

C’est un film de guerre comme nous n’en avons plus vu depuis longtemps. Il semble très classique, mais, en réalité, ne l’est pas. C’est une histoire vraie, celle de l’évacuation de quatre cent mille personnes au début de la guerre 40-45... mais qui ne réussira que pour trois cent mille. Il faut regagner l’Angleterre, la patrie (cela reviendra plusieurs fois durant le film). Pour cela, il faut s’échapper, fuir, voire s’enfuir. Les lieux, plage (môle), mer et ciel sont l’enjeux de combats et de situations dantesques, infernales. Très curieusement, il y a peu de scénario, au sens d’une histoire avec une intrigue, des personnages que l’on suit qui s’aiment. Il y a très peu de femmes, celles que l’on voit sont sur quelques bateaux venus à la rescousse des soldats.

Nous oscillons entre intime et grand spectacle, entre les étendues marines/célestes et des huis-clos/plans rapprochés : sur le môle, dans le bateau, dans les soutes, sur la plage. Dunkirk est un film viscéral pour le spectateur. Non pas que celui-ci aura droit à un spectacle sanglant avec des corps blessés, démembrés. Malgré les cent mille morts, l’on en verra peu à l’écran. Si le film est viscéral, c’est que sa bande sonore (plus encore que musicale, due à Hans Zimmer) étreint le spectateur. Les sons bombardent ses oreilles, mais aussi son corps avec une dynamique impressionnante, au fur et à mesure des bombardements, mais aussi des tirs : dans le ciel, sur terre, sur la mer. Il sera invité à suivre, accompagner des gens ordinaires, des héros ordinaires ou possiblement couards et peut-être simplement traumatisés ! Il sera, lui aussi, traumatisé par certaines scènes : ainsi lorsque les Anglais ne veulent embarquer que les leurs et pas des Français. Ou encore lorsqu’il faut choisir en un malade sur une civière ou les sept hommes debout dont il occuperait la place. Traumatisé également par les cris de désespoir de ceux qui se noient en mer lorsque leur cuirassé a été bombardé ou simplement enfermés dans les soutes ou les cales sans pouvoir s’échapper. Il songera à des situations récentes lorsque des hommes en mer veulent monter dans une frêle embarcation qui est déjà au maximum de sa charge.

Le même spectateur sera ému en découvrant de nombreux civils anonymes qui viennent en bateau de loisir ou de pêche pour venir en aide à leurs soldats qui sont encerclés et veulent fuir sans pouvoir le faire parce que les bateaux sont coulés les uns après les autres et que les avions censés les protéger sont eux-mêmes attaqués. Nolan nous donne à voir de nombreuses petites scènes non de la vie ordinaire, mais de la vie extraordinaire en situation de guerre. A voir, mais pas à entendre (sauf les bruits fracassants de la guerre) car les dialogues sont rares. Plus que la parole, c’est la caméra qui va mettre en avant des attitudes, des gros plans de visages, des réactions, tensions, se focalisent sur des regards qui en disent long sur le non-dit ! Si Nolan filme une Histoire vraie, il est plus que probable que la majorité des "histoires" qui sont données à voir sont créées pour les besoins du film. Et paradoxalement si ce n’est pas la réalité cela donne plus de vérité à celui-ci et à son scénario (à l’image, en quelque sorte des récits bibliques et notamment des Evangiles) d’autant plus que la majorité des acteurs sont quasiment si pas totalement inconnus. Il y a certes quelques grands noms, dont Tom Hardy dont on ne découvre, finalement - c’est le cas de l’écrire - son visage qu’à la toute fin du film puisque, le reste du temps, on ne pouvait pas vraiment discerner ses traits. Ajoutons aussi les nombreux figurants qui semblent vraiment impliqués dans le film et lui apportent émotion et vraisemblance. Le réalisateur utilise un découpage des différentes actions et scènes, passant de l’un à l’autre, comme un kaléidoscope d’images qui ouvrent et enferment les situations et leurs protagonistes.

C’est un très très grand et beau film de guerre, même si la beauté a aussi le visage de l’horreur, mais également celui de militaires qui donnent leur vie au service de leur pays, qui ont du courage et de la peur, qui peuvent être contaminés par l’horreur. Le doute aussi. Ainsi comment seront reçus ceux qui auront été sauvés, ou se seront sauvés, image croient-ils de la lâcheté. Enfin, c’est aussi l’histoire d’un jeune qui veut s’engager au service de la patrie, il a à peine dix-sept ans et aimerait tant que son nom puisse être écrit dans le journal et dont le voeu sera exaucé...

Nous ne faisons pas de publicité pour des salles en particulier, mais il faut ici préciser que nous avons vu le film en version IMAX qui rend totalement justice au film et à son univers grâce à la taille de l’écran, mais aussi de l’importance du rendu sonore. Un tout gros coup de coeur. Bravo Monsieur Nolan !



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