Synopsis : Mitsuha, ado coincée dans une famille traditionnelle, rêve de la vie trépidante de Tokyo. Dans ses fantasmes, elle est propulsée dans la vie de Taki, un jeune lycéen tokyoïte, au point d’y croire réellement... Taki, lui, se voit dans les montagnes, entouré d’une famille traditionnelle… dans la peau d’une jeune fille ! Quel mystère se cache derrière ces rêves étranges qui unissent deux destinées qui ne se sont jamais rencontrées ?
Makoto Shinkai est peu connu chez nous hors du cercle des fans d’animes et il semble ne pas y avoir eu de projection en salle (en Belgique ni même en France) de ses films, au demeurant peu nombreux. Je connaissais le moyen métrage 5 cm par seconde (63’, 2007) et le court de 2002, The Voices of a Distant Star (25’) pour les posséder en DVD. Depuis, Voyage vers Agartha (115’) est sorti en ’direct to DVD’ en 2011. Autant préciser que la projection de Your Name. ...en salle n’était pas spécialement attendue... jusqu’à ce que la France où il est sorti dès la fin 2016 laisse bruisser la Toile d’échos largement positifs malgré d’autres voix discordantes qui reprochaient essentiellement l’aspect mélodramatique et le manque de renouvellement du réalisateur à qui elles reprochent de sombrer dans ses propres clichés...
Ici, je rejoins l’avis et les sentiments de ceux qui sont entrés en connivence avec un film très poétique. Si les images sont de toute beauté, il en est de même pour la BO qui m’a séduit (mais ne sera probablement pas le cas de tous). Il vaut mieux ne pas trop se renseigner sur le film dont le synopsis complet se trouve en ligne sur Wikipedia (à lire ici si vous voulez connaître l’intégralité de l’histoire... jusqu’à la fin, bonjour les spoilers !).
Le synopsis est intriguant, ce garçon et cette fille qui se rêve (mais est-ce bien un rêve ?) dans le corps de l’autre dans certaines circonstances. Avec des gestes étonnants, ainsi le garçon Taki qui se "réveille" dans le corps de la fille, Mitsuha et prend "ses" seins entre "ses" mains et est surpris par sa soeur (enfin, celle de Mitsuha !!!). Une situation traitée ici tout en finesse, tendresse et sobriété - sans cacher l’émoi de la situation qui viole en quelque sorte l’intimité de l’autre - et, s’agissant aussi d’une question de genre... où l’on est aux antipodes de la vulgarité de Si j’étais un homme d’Audrey Dana !
Your Name., c’est une histoire de lieux et de temps qui se croisent, s’entrecroisent, interagissent sur fond de ciel étoilé, de comète, de cataclysme, d’amour, de passion, de perte et de quête... d’enquête aussi pour connaître un nom murmuré, écrit, perdu, effacé, celui de l’autre qu’il faut retrouver envers et contre tout... et tous. Il faut ouvrir son coeur, abandonner sa rationalité pour découvrir que l’amour peut faire des merveilles, que le coeur peut abolir les distances, fusionner les lieux (les lieues si l’on joue avec cette ancienne mesure de distance). Et justement quelle voie prendre pour entendre une voix qui questionnera "quel est ton nom" ? Une voix qui crie dans la ville, le désert, à travers la ville et le temps pour dire le sentiment d’une perte, celle d’un ailleurs où tout pourrait être autrement...
Difficile de traiter de ce film sinon que de façon évocative et énigmatique pour ne pas en trahir l’intrigue qui traverse un anime d’une grande intensité poétique et émotionnelle, mélodrame japonais, totalement assumé.
Ceux qui voudraient en savoir plus pourront lire l’une et l’autre de ces interviews du réalisateur :
- par Vincent Formica pour le site AlloCiné
(les spoilers sont en grisé et s’affichent au survol de la souris) (télécharger au format pdf) - par le site effets-speciaux.info en date du 19/12/16 (télécharger au format pdf)