Synopsis : Denis Patar est un père aimant, mais débordé qui se débat seul avec l’éducation de ses filles, Janis 13 ans et Mercredi 9 ans, deux boulots et une bonne dose de système D. Un soir Denis oublie, une fois de trop, Mercredi à la sortie de l’école. Une enquêtrice sociale passe alors le quotidien de la famille Patar à la loupe et oblige Denis à un « stage de parentalité ». Désormais les Patar vont devoir rentrer dans le rang…
Acteurs : Camille Cottin, Gustave Kervern, Héloïse Dugas, Fanie Zanini.
Sophie Reine qui a une expérience de monteuse de films de longue date se lance ici dans la réalisation de son premier film qui a "une part autobiographique : j’ai un mal fou à situer la norme, peut-être parce que j’ai grandi dans un appartement à Paris avec un singe et une chèvre comme animaux de compagnie ! Chez les Patar, comme chez les Reine, on porte des chaussettes dépareillées, on va au boulot avec des fringues multicolores parce que les tutus fuchsia des unes ont déteint sur les pantalons crème des autres, on mange des chips au petit-déj… bien loin des 5 fruits et légumes par jour et du régime sans gluten !". C’est donc un peu, voire beaucoup d’elle-même qu’elle donne à voir en nous proposant cette histoire d’un papa débordé qui cherche à protéger à tout prix ses enfants d’un monde « où les mamans et les cochons d’Inde meurent sans prévenir ». La réalisatrice qui a mis quatre ans pour finaliser son scénario nous confronte de plein fouet avec une famille dysfonctionnelle avec un père et des enfants hors normes qui seraient un peu Captain Fantastic en mode quart-monde. Et question dysfonctionnement, on est servi : depuis les vols en grande surface, les faux en écritures, petits, mais faux quand même, un travail de jour dans une animalerie et de nui fans un sex-shop, gageons que ce père a peu d’atouts pour lui. Il n’empêche que lui et ses enfants sont tour à tour charmants et irritants, très irritants. Comme s’ils étaient au-delà ou en deçà du réel. Certes leur amour les unis, mais nous sommes au bord du too much. Et dans ce jeu de quilles, la présence de l’assistante sociale dans le cadre d’un ’stage de soutien à la parentalité’ apporte un élément de stabilité. C’est avec beaucoup de plaisir, voire de surprise que l’on découvre Camille Cottin aux antipodes de son rôle de "connasse" auquel elle nous avait habitué. L’assistance sociale est ici en contrepoint de l’attitude complètement déjantée et immature de la famille Patar. Et l’on peut dire que l’histoire fonctionne pour autant que l’on en accepte les invraisemblances, d’autant que la qualité du casting aide à effacer certaines d’entre elles. On retiendra également le travail sur le deuil à faire et jamais totalement fait, grâce notamment à la médiation de la mort des animaux de compagnie.
Hélas, tout cela était trop beau pour être vrai. C’est que Sophie Reine ajoute une partie intensément dramatique à son scénario en ajoutant à celui-ci une dimension médicale. Janine, la fille ainée, est atteinte du syndrome Gilles de la Tourette. La réalisatrice s’est documentée : "J’ai contacté l’AFSGT (Association française du Syndrome Gilles de la Tourette) et le professeur Andreas Hartmann, référent de cette maladie rare à la Pitié Salpetrière qui ont aimé l’angle que je proposais et m’ont permis de rencontrer des familles concernées et correspondre avec elles tout au long du projet.". Elle estime qu’il s’agit "d’une maladie qu’on caricature cruellement, véritable handicap social, dont les symptômes explosent souvent à l’adolescence, quand la pression d’être comme les autres est la plus forte. Ce syndrome avait les allures d’une parabole sur la différence." Malheureusement, cette partie "médicale" et dramatique fausse le film et met mal à l’aise (ainsi un confrère concerné faisait part de sa réticence par rapport à un film qui ferait presque passer comme facile d’être atteint par la maladie et pour le proche de vivre avec). C’est que la bonne intention et le projet ne suffisent pas. Un malaise partagé pour avoir un proche atteint d’une maladie mentale, certes différente, mais qui sensibilise. Cela nuit donc gravement à la santé du film qui se revendique d’être un feel good movie et fait oublier les "trouvailles poétiques" du film. Toutefois, un confrère n’a pas été marqué par ces aspects et relève plutôt la critique des assistants sociaux qui veulent normer et normaliser les familles.
Bande-annonce :