Synopsis :
1. Diane, 45 ans, s’échappe de la clinique où elle était internée pour une cure de repos à Lausanne. Munie d’à peine quelques affaires et d’un pistolet, elle se rend à Evian, de l’autre côté du Lac Léman. Elle cherche les propriétaires d’une vieille Mercedes. Et elle sait qu’elle ira jusqu’au bout... (Cinébel)
2. Munie de quelques affaires, d’un peu d’argent et d’une arme, Diane Kramer part à Evian. Elle n’a qu’une obsession : retrouver le conducteur de la Mercedes couleur moka qui a renversé son fils et bouleversé sa vie. Mais le chemin de la vérité est plus sinueux qu’il n’y paraît. Diane devra se confronter à une autre femme, attachante et mystérieuse… (Allociné).
Acteurs : Emmanuelle Devos, Nathalie Baye, Diane Rouxel, Olivier Chantreau.
Nous avons repris ci-dessus les synopsis disponibles sur des sites populaires belge et français, question de désamorcer une éventuelle lecture du film en mode "thriller" que pourrait induire la question de l’affiche du film "Qu’auriez-vous fait à sa place ?". Interrogation qui en induirait deux autres : "Qu’à-t-elle fait ?" et "Pourquoi ?" !
Moka, c’est le titre d’un roman de roman de Tatiana de Rosnay paru en 2006, titre qui doit son nom à la couleur d’une voiture de marque Mercedes. Comme les synopsis nous en informent, Diane (Emmanuelle Devos) s’enfuit d’une clinique où elle a été internée et part à la recherche du conducteur d’une voiture de couleur Moka qui a renversé son fils Luc. Mais le film diffère du roman pour n’en prendre qu’une partie et transposer l’axe Paris-Biarritz à un autre Lausanne-Evian (qui permettrait aussi au réalisateur d’ajouter une ambiance supplémentaire grâce au Lac Léman). Le roman, dans lequel le fils s’appelle Malcom, s’attache beaucoup à ce qui précède cette quête : l’accident du fils, l’incompétence ou la relative inaction des enquêteurs... Là où le livre parait "psychologique" le film parait mettre en exergue l’aspect policier ou polar. "Paraît" est bien le verbe qui convient, car l’apparence est trompeuse. Il ne s’agit pas de répondre à une question "Jusqu’où ira-t-elle dans son processus de vengeance ?" (de façon analogue à celle posée dans Irréprochable qui sort également cet été). Il ne s’agit pas de connaître l’identité du conducteur de la voiture. En effet, le spectateur habitué aux films policiers aura deviné ou pressenti assez vite de qui il s’agit et en tout cas bien avant Diane. En revanche, c’est l’itinéraire accompli par Diane face à Marlène (Nathalie Baye). A l’image de ces pèlerins sur le chemin de Compostelle qui, arrivés, disent que l’important n’est pas St-Jacques, mais le chemin accompli pour y arriver !
Ce sont donc deux femmes qu’il nous est donné de découvrir. La première, dans une quête improbable qui a des conséquences sur sa santé mentale (d’où son enfermement et sa fuite du début), ses relations avec ses proches (qui veulent lui faire tracer un trait sur le passé) et un détective près l’aider dans une quête que beaucoup jugent vaine ou insensée. La deuxième, qui ne connait rien de la première et encore moins de sa quête. Nous les rencontrons dans leurs différentes rencontres/confrontations liées pour l’une à sa quête et pour l’autre au hasard et à sa profession. Nous sommes ici spectateurs omniscients, d’autant que nous assistons aussi à la rencontre de Diane avec Michel (David Clavel), l’ex-mari de Marlène et propriétaire de la voiture. Tous ces échanges mèneront les uns et les autres à regarder autrement les faits, à relire les événements et à revisiter le passé, à le revisiter éventuellement en musique avec un tiers et un smartphone pour affronter (plus) sereinement le futur...
On retiendra l’excellence de l’interprétation des deux actrices principales, en particulier Emmanuelle Devos qui avait déjà tourné en 2009 avec le réalisateur pour son premier film Complices. On retrouve d’ailleurs les musiciens Christian Garcia et Grégoire Hetzel qui avaient travaillé sur ce film dont on appréciera le travail sur les images de la chef opératrice, Irina Lubtchansky.