Synopsis : Alma, jeune femme engagée reprend l’exploitation agricole de son grand père, qui ne s’est jamais remis d’avoir dû céder son olivier millénaire, dernier ancrage dans ses terres familiales. Alma décide alors de renverser l’ordre établi et remonte la piste de cet arbre unique. Ce voyage rocambolesque l’amène au coeur du capitalisme, où se joue le combat de David contre Goliath. Mais elle n’est pas tout à fait seule dans cette aventure…
Acteurs : Anna Castillo, Javier Gutiérrez, Pep Ambròs.
A la base du scénario de Paul Laverty, une "histoire vraie", un simple "fait divers", relaté dans les colonnes d’EL PAIS ! C’est l’histoire d’un plus que banal drame écologique, celui du transfert d’oliviers qui ont vécu durant vingt siècles, qui ont été plantés à l’époque ou un obscur révolutionnaire de Galilée pensait moissonner le monde et inviter ses habitants humains à s’aimer les uns les autres ! Il s’agit de les envoyer au nord de l’Europe. Ici, un très bel olivier terrain de jeu d’Alma, une petite fille (devenue adolescente) et de son grand-père. La crise économique amène le père et son frère à vendre l’olivier pour trente mille euros. Malgré les oppositions, les cris, les larmes, le bel arbre majestueux va être déraciné (à tous les sens du terme). Le vieillard semble en être affecté et ne pas s’en remettre. Devenu amorphe, apathique et aphasique, Alma va tenter de comprendre : pour elle c’est l’olivier perdu qui est la cause des maux de son aïeul. Elle voudra retrouver cet arbre. Le film sera une quête de celui-ci. C’est une sorte de road movie, analogue, d’une certaine façon, à La vache de Mohamed Hamidi ou à Saint—Amour de Gustave Kervern et Benoît Delépine. D’une certaine façon, car dans ces deux films la comédie prenait le dessus tandis qu’ici, c’est le drame.
Le drame tout d’abord qu’engendre la crise et qui fait se côtoyer des oliveraies et des poulaillers industriels où l’on gave des poules en quarante jours pour les mener à l’abattoir. L’on se rassurera peut-être parce que ce sont des gallinacés élevés au sol, mais on se rendra compte aussi que leur destinée est à peine meilleure que celle de leurs congénères en batterie (dont le calvaire dure bien plus longtemps qu’un bon mois !). Deux façons donc de vivre le temps, de gérer la nature. C’est sur ce fond de crise et de détresse que le film se construit.
Ensuite, le film est occasion de découvrir les liens d’affection et de tendresse qui peuvent se vivre entre générations, au prix, parfois, de devoir en sauter une. C’est aussi un itinéraire, une sorte d’odyssée vers le Nord, l’Allemagne qu’Alma fera prendre à ses proche et ami sur base d’un pieux mensonge, presque religieux. Et en cette affaire les médias sociaux joueront d’influence pour dénoncer l’hypocrisie de certaines entreprises qui se parent de vert et d’atouts écologiques pour mieux exploiter et détruire la nature. Mensonge et vérité feront l’objet de débats très humains entre les protagonistes entraînés malgré eux dans une quête, celle d’un pseudo jardin d’Eden au centre duquel se trouve peut-être l’arbre du bien et du mal, mais aussi l’arbre de mort et de vie !
On sera pris par l’émotion engendrée par cette quête, par le dynamisme d’une adolescente et par la sagesse d’un scénariste qui ne cède pas à la facilité d’un improbable happy end. Nous ne voulons pas jouer à Benjamin dans (M)uchenik (Le disciple, The Student)... mais nous dirons la fin - ou la genèse - par une métaphore qui s’inspire de récits bibliques. Non pas donc au pied de la lettre, mais pour donner à penser :
Cette fois-ci, David ne pourra pas vaincre Goliath, mais de la racine de Jessé pourra naître un rameau porteur d’espoir, de vie et de fruits pour un nouveau millénaire !