Synopsis : Martin est un ex-bobo parisien, reconverti plus ou moins volontairement en boulanger d’un village normand. De ses ambitions de jeunesse, il lui reste une forte capacité d’imagination, et une passion toujours vive pour la grande littérature, celle de Gustave Flaubert en particulier. On devine son émoi lorsqu’un couple d’Anglais, aux noms étrangement familiers, vient s’installer dans une fermette du voisinage. Non seulement les nouveaux venus s’appellent Gemma et Charles Bovery, mais encore leurs comportements semblent inspirés par les héros de Flaubert. Pour le créateur qui sommeille en Martin, l’occasion est trop belle de pétrir - outre sa farine quotidienne - le destin de personnages en chair et en os. Mais la jolie Gemma Bovery, elle, n’a pas lu les classiques, et entend bien vivre sa propre vie...
Un étonnant et passionnant jeux de miroirs, "à la Madame Bovary".
"A la", parce qu’il ne s’agit pas de Madame Bovary et que comparer l’illustre Flaubert (que l’on fait lire beaucoup trop tôt aux adolescents) au film de Anne Fontaine serait faire injure au premier (sans compter que beaucoup d’éléments de l’intrigue du roman de Flaubert sont absents du film).
En revanche, "jeux de miroirs" oui et assumés me semble-t-il.
Car la réalisatrice adapte... une adaptation de Madame Bovary (à savoir un roman graphique - on y passe donc du texte à l’image fixe - de Posy Simmonds dont la publication débute en 1997 dans le Guardian). Il y a donc ici un jeu de réécriture et de relecture avec une mise en abime... dans ce nouveau passage de l’image fixe à l’image animée !
Fabrice Luchini (qui ne fait pas du Luchini) avec un peu d’auto-dérision relit donc Emma Bovary et la relie à Gemma Bovery dans ce film qui ne manque pas d’humour.
Anne Fontaine sait filmer les corps et les visages avec sensualité (même si pour Niels Schneider - sensé représenter Rodolphe- Xavier Dolan a pu tirer plus de ce jeune acteur).
Une déception cependant pour l’avant-dernière scène au cimetière (dès le début du film, on sait la mort du personnage) qui amène plusieurs révélations en tiroirs ; elles ne sont pas nécessaires et nuisent un peu à la cohérence du récit. Mais je ne boude pas mon plaisir. (8/10)