Le réalisateur (belge) dit s’être bien documenté sur le sujet (de la pédophilie dans le clergé catholique).
Je ne puis remettre cela en question mais le film n’arrive pas à faire le choix entre ce thème grave et un road movie à la "Bonnie and Clyde", entre l’humour noir et la gravité.
On a l’impression que l’histoire concerne une situation française mais un des éléments du film à la fin montre que l’héroïne est basée en Belgique.
Mais quoiqu’il en soit le clergé français catholique est-il fondamentalement différent du belge ? Non, sauf en ce que ce dernier est rétribué par l’Etat et que l’on ne verrait pas chez nous un appel aux dons et à l’hébergement de prêtre aussi important que celui qui débute le film (vous trouverez ici la vidéo qui semble à la source de ce plan du film).
Et puis il y a certes de tout dans l’Eglise, des tradis et des progressistes mais même chez les premiers qui ont souvent le col romain rares sont ceux qui portent la soutane, même chez les évêques (en tout cas dans leurs bureaux !). Et donc le film est contemporain (il y a une TV à écran plat) mais, bizarrement les personnages datent (en tout cas pour moi qui suis du métier !). Le plateau sur lequel je travaille est le même justement que celui d’une radio chrétienne (probablement pas celle visée par le réalisateur) où j’anime l’émission Cinécure. Il y a peut-être certains animateurs qui sont caricaturaux comme pourrait être perçue l’héroïne du film mais ce ne sont pas ceux que je vois.
Il fallait peut-être accentuer ce côté-là pour faire passer la sauce et le contraste du personnage principal (in/out ; ’ad intra’ & ’ad extra’ ) ?
Donc, en résumé :
- à titre professionnel, je trouve les situations très caricaturales ;
- comme humain, j’aurais préféré qu’il développe et amplifie cette question de la pédophilie dans l’Eglise et de la gestion de son silence ;
- comme "cinéphile", j’attendais qu’il développe soit le thème précédent (de manière analogue à Joachim Lafosse dans son film A perdre la raison qui se base sur le quintuple infanticide de Nivelles) soit qu’il se concentre sur un road movie à l’humour noir.
Ici, il me semble que la cause qu’il veut défendre n’est pas bien servie.
Enfin, une mention toute spéciale à Zacharie Chasseriaud qui joue le fils de l’héroïne et que l’on découvre également dans Les géants et Tango libre.