Synopsis : Serge est l’un des meilleurs vendeurs de France. Depuis trente ans, il écume les zones commerciales et les grands magasins, garantissant à ses employeurs un retour sur investissement immédiat et spectaculaire. Il a tout sacrifié à sa carrière. Ses amis, ses femmes et son fils, Gérald, qu’il ne voit jamais. Et sa santé. Quand Gérald vient lui demander un travail pour financer les travaux de son futur restaurant, Serge hésite puis accepte finalement de le faire embaucher comme vendeur. Contre toute attente, Gérald se découvre un don.
Acteurs : Gilbert Melki, Pio Marmaï, Pascal Elso, Clémentine Poidatz, Sara Giraudeau.
Sylvain Desclous a obtenu le prix du public au 19e BSFF (Brussels Short Film Festival) en mai 2016 dans le cadre de la compétition internationale pour son court-métrage Mon héros (30’), réalisé en 2014 (dans lequel joue Damien Bonnard, au générique de Rester vertical, le dernier et surprenant long métrage d’Alain Guiraudie présenté au Festival de Cannes 2016).
L’histoire se résume quasiment dans le synopsis du film et confronte deux personnages que tout semble opposer. L’un, Serge (Gilbert Melki) est un vendeur itinérant, loup aux dents acérées prêt à vendre une cuisine même à quelqu’un qui n’en a pas besoin ou au moins qui n’a pas l’argent pour s’en payer une de ce niveau de prix. L’autre, Gérald (Pio Marmaï) rêve d’installer un restaurant où il ferait bien les choses avec sa compagne. Hélas, il n’a pas d’argent. Mais tout pourrait bien se résoudre car celui-ci est le fils du premier. Il vient lui demander de l’aide, non pas de l’argent comme son père le subodore, mais du travail ! Mais ce jeune qui aime travailler en cuisines pourra-t-il en vendre une seule ? On se doute bien que non... mais que oui, finalement. C’est que contre toute attente, celui qui apparaît être un vendeur naïf, maladroit, voire niais, va, après quelque temps se révéler redoutable. Un pitch connu, somme tout et intéressant sans plus à tel point que le côté convenu et prévisible de la chose pourrait décevoir si le réalisateur n’en profitait pour développer d’autres pistes.
En particulier, la relation pères et fils et si nous mettons pères au pluriel c’est parce que deux pères sont en jeu ! En effet, le père de Serge joue un rôle dans le film. Interprété par Serge Livrozet, il confronte son fils à la solitude alors qu’ils se trouvent dans une cuisine - probablement installée et donnée par le fils Serge - dont il ne se sert pas, parce que trop compliquée. Occasion pour Serge de réfléchir à la relation avec son père, à celle de celui-ci avec lui et, en rebond, de celle avec son propre fils, vendeur qui commence à s’intéresser à ce point à la vente qu’il néglige sa compagne et abandonne ou du moins ne s’intéresse plus à son projet de restaurant. Et Serge, qui ne comble sa solitude que par la boisson et les prostituées, s’investira alors pour son fils et son foyer.
Ce seront probablement les éléments les plus riches et promouvants du premier long métrage de Desclous que d’aborder cette relation père-fils. Il y a peut-être un bémol : le film semble courir deux lièvres à la fois. C’est d’une part l’histoire des talents (mais le sont-ce vraiment ?) d’un vendeur qui éclos et, d’autre part, celle, plus riche, d’un père et d’un fils, d’un fils et de son père. A suivre deux itinéraires parallèles, outre qu’ils ne peuvent se rejoindre, le danger est qu’aucun des deux ne franchisse la ligne d’arrivée. Enfin, on relèvera le jeu d’acteur de Pio Marmaï qui paraît être une valeur montante du cinéma français.