Synopsis : Un jour de juillet 1982, André Bamberski apprend la mort de sa fille Kalinka. Elle avait 14 ans et passait ses vacances en Allemagne auprès de sa mère et de son beau-père le docteur Krombach. Rapidement, les circonstances de sa mort paraissent suspectes. L’attitude de Dieter Krombach ainsi qu’une autopsie troublante laissent beaucoup de questions sans réponse. Très vite convaincu de la culpabilité de Krombach, André Bamberski se lance dans un combat pour le confondre. Un combat de 27 ans qui deviendra l’unique obsession de sa vie…
Acteurs : Daniel Auteuil, Sebastian Koch, Marie-Josée Croze.
Au nom de ma fille est le quatrième long métrage de Vincent Garenq. Auparavant il s’était consacré - outre quelques courts métrages et sa participation à la réalisation d’une série - à des séries documentaires pour la télévision. Il a écrit la majorité des scénarios de ceux-ci et de tous ses films. Le premier abordait un sujet sensible, la paternité dans un couple homosexuel, sans en faire un étendard d’une cause LGBT. Simplement le thème était abordé, comme si de rien n’était, en 2008, dans Comme les autres. En ce sens, le titre de cette fiction était bien choisi. Aucun militantisme, aucune condamnation, mais simplement une présentation bienveillante d’un fait de société et des questions qu’il peut poser.
Garenq se tournera ensuite vers la mise en scène d’histoires vraies. A commencer par la sinistre affaire d’Outreau en racontant l’histoire d’Alain Marécaux, victime, avec d’autres, d’une terrible erreur judiciaire et de sa surmédiatisation, dans Présumé coupable (2011). En 2015, avec L’enquête, il s’attaque à l’affaire Clearstream dans L’Enquête, un film que nous avions également apprécié. Cette année, c’est une autre histoire vraie qui a moins marqué les médias (du moins en Belgique) que le réalisateur porte à l’écran, l’Affaire Dieter Krombach. Le film survole quelques-uns de ses éléments clés sur une durée de quarante ans (on lira avec intérêt la fiche Wikipedia qui lui est consacrée). C’est une marche vers l’enfer d’un homme désespéré que nous découvrons à travers Daniel Auteuil (André Bamberski) qui recherche la vérité, mais également la Justice quitte à se faire justice soi-même. C’est aussi un combat ou plutôt une tension judiciaire entre la France et L’Allemagne. Tout cela est rendu, peut-être trop vite, de façon trop schématique au risque de ne se concentrer que sur l’anecdotique durant les 87 minutes du film qui, paradoxalement, paraît plus long. C’est que le scénario pèche par excès de didactisme, de pédagogie presque documentaire (comme si le passé du réalisateur prenait le dessus). Outre que le vieillissement - ou plus exactement le rajeunissement - de l’acteur principal manque sérieusement de crédibilité (de même d’ailleurs que l’évolution et la succession de certains protagonistes) il est bien difficile d’avoir de l’empathie pour les protagonistes. Certes, il reste une très faible marge d’incertitude par rapport à la culpabilité de Dieter Krombach (mais c’est l’ancien Officier de police judiciaire qui, ici, remonte à la surface !), mais Daniel Auteuil arrive à nous faire rendre détestable et en même temps émouvant le personnage d’André Bamberski ! L’acteur arrive à faire passer à l’écran cette obsession qui tourne presque à la folie et qui va gangréner les relations avec ses proches. Nous comprenons sa douleur et son combat et alors que l’on voudrait prendre fait et cause pour lui - alors même que s’agissant de faits réels on ne pourra rien en changer -, mais en même temps, nous sommes tenu à distance tant le combat prend un caractère outrancier (probablement parce que désespéré). Il ne s’agit donc pas ici de "juger" de cette affaire (de toute façon coulée sous forme de chose jugée par un arrêt de la Cour de cassation le 2 avril 2014).
Nous sommes sensible à cette mise en avant d’un homme en quête de vérité pour une cause quasi désespérée. C’est aussi la quête de justice que nous relevons, avec cette question posée durant le film "peut-on se faire justice soi-même ?".
Toutefois, notre impression est mitigée, proche de celle de Nicolas Gilson sur son site Un grand moment de... car le film manque cruellement d’un bon scénario même si l’un ou l’autre acteur est vraiment au service du film probablement trop didactique voire scolaire.